Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
9 mai 2010 7 09 /05 /mai /2010 11:02

Juliette-Binoche-star-du-Festival-de-Cannes-2010_mode_une.jpg

Il aura fallu attendre le 8 mai pour en avoir une liste définitive, mais la sélection officielle du 63e Festival de Cannes  est désormais bouclée. Du 12 au 23 mai, les festivaliers vont pouvoir prendre le pouls de la production cinématographique. Car Cannes reste bien le festival de cinéma le plus prescripteur, le plus regardé, le plus attendu. Terrence Malick, pressenti jusqu'à la dernière minute avec son Tree of Life, ne sera finalement pas présent, mais cette sélection moins glamour qu'à l'habitude devrait réserver bien des surprises.

affiche_Noces_Funebres_de_Tim_Burton_2003_2.jpg

Un jury éclectique et international

Cette année, c'est le cinéaste américain Tim Burton qui aura la lourde tâche de présider le jury chargé de départager les films en compétition officielle. Le réalisateur fantasque de Sweeney Todd, Edward aux mains d'argent ou Alice aux Pays des Merveilles, sera accompagné de trois acteurs aux antipodes les uns des autres. Kate Beckinsale, plus habituée au faste hollywoodien (Underworld, Pearl Harbour...) qu'au tapis rouge du Festival de Cannes, sera la touche glamour du jury. Giovanna Mezzogiorno, actrice italienne si intense, vue récemment dans Vincere (Marco Bellochio), et Benicio Del Toro, Prix d'interprétation masculine au Festival de Cannes 2008 pour sa composition du Che (Steven Soderbergh), semblent des choix évidents. Ils seront entourés de deux réalisateurs, Victor Erice (Espagne), trois films en 50 ans, et Shekhar Kapur (Shakespeare in Love...). Le compositeur français Alexandre Desplat, qui a signé récemment les partitions de The Ghost Writer ou Un Prophète, et l'écrivain, scénariste et réalisateur français Emmanuel Carrère  (La Moustache) complètent le jury, accompagnés de l'Italien Alberto Barbera, directeur du Musée national du Cinéma.

photo_1210759552736-1-0_zoom.jpg

Une compétition surprenante et resserrée : la famille pour thème central

Peu de très grands auteurs (habitués du festival), c'est le premier constat que l'on peut faire à la vue de la liste des films en compétition pour la Palme d'Or. Une prise de risque plus grande de la part des sélectionneurs qui s'explique peut-être par l'absence de Terrence Malick (Tree of Life) ou Sofia Coppola (Somewhere) dont les films n'ont pas été prêts à temps.

On constate également une liste resserrée (18 films), qui n'empêche pas une répartition géographique très large. France (toujours très représentée, souvent sans succès), Grande-Bretagne, Chine, Japon, Ukraine, Italie, Etats-Unis (un seul film), Hongrie, Thaïlande, Russie, Iran, Espagne, Algérie... seront représentés par des films très divers, mais dont un thème commun semble d'ores et déjà se dégager : la famille et la quête d'identité. C'est le cas des films de Kornel Mondruczo (Un Garçon fragile), Alejandro Gonzalez Inarritu (Biutiful), ou de façon plus poétique de Lee Chang-Dong (Poetry).

Si on ne trouve ni documentaire ni film d'animation dans la sélection, certains films font déjà figure d'événement. Tournée (Mathieu Amalric) suit le quotidien d'une troupe de danseuses, Un Homme qui crie (Mahamat Saleh Haroun) mêle social et politique dans un contexte de guerre au Tchad, Bertrand Tavernier revient à Cannes avec un film en costumes (La Princesse de Montpensier), l'intensité du cinéma d'Alejandro Gonzalez Inarritu devrait faire des merveilles avec Biutiful (qui met en scène Javier Bardem), la religion sera au coeur du nouveau film de Xavier Beauvois (Des Hommes et des Dieux), l'Iranien Abbas Kiarostami réalise son premier film hors de son pays et avec Juliette Binoche (Copie Conforme), l'habitué Apichatpong Weerasethakul nous emmènera voir des fantômes avec Loong Boonmee Raleuk Chaat. Enfin, la polémique pourrait venir du film Hors-la-loi (Rachid Bouchareb), dont les inexactitudes historiques concernant les massacres de Sétif sont déjà pointées du doigt, avant même qu'il n'ait été vu.

naomi-watts-and-woody-allen-on-set-of-new-movie-august-09-1.jpg

Hors Compétition : Woody Allen et Olivier Assayas

Comme toujours, on retrouve hors compétition le meilleur et le moins bon de la sélection.

Pour le meilleur, Woody Allen et Olivier Assayas viendront présenter leurs nouveaux films. Le premier avec sa nouvelle comédie You Will Meet A Tall Dark Stranger (avec au casting Naomi Watts et Anthony Hopkins), le second avec sa mini-série sur le terroriste Carlos. Stephen Frears nous fera également découvrir Tamara Drewe, et Julie Bertuccelli présentera L'Arbre en clôture du festival (avec Charlotte Gainsbourg).

Moins attendus, Robin des Bois (Ridley Scott) en ouverture, et Wall Street : l'argent ne dort jamais (Oliver Stone, plus que jamais d'actualité) auront peut-être plus de mal à trouver leur public.

 

Place aux films...

Partager cet article
Repost0
30 avril 2010 5 30 /04 /avril /2010 10:04

388339_height370_width560-copie-1.jpg

Jeudi 29 avril 2010 - Il est est 21h00 lorsque pénètrent sur la scène de l'Alhambra le plus beau regard du cinéma indépendant américain actuel (Zooey Deschanel) et l'un des meilleurs singer-songwriter-musicien de la scène indie-rock (Matt Ward). Accompagnés de tout un orchestre (batterie, guitares, choristes), She and Him (puisque c'est le modeste nom de leur formation) font une entrée sobre et élégante, à l'image d'un concert réussi, sans atteindre l'extase ressentie à l'écoute de leurs deux merveilleux albums, Volume One (2008) et Volume Two (2010). Mais revenons d'abord sur la genèse du groupe.

 

She and Him - "Black Hole" - Volume One

 

She : Zooey Deschanel

4464930031 775224e152

Elle, c'est donc Zooey Deschanel, de grands yeux gris-verts, une large frange (son petit côté adolescente malgré ses 30 ans), une voix claire et mélancolique, elle illumine tout ce qu'elle touche. Elle est révélée au grand public par le film Presque Célèbre (2000, Cameron Crowe). Un film prémonitoire (même si le choix n'est sûrement pas anodin) puisque totalement imprégné de musique, racontant l'immersion d'un apprenti critique musical dans le quotidien d'un groupe de rock dans les années 60. Au cours de la première décennie 2000, elle poursuit sa carrière cinématographique avec des films aussi divers que The Good Girl (2002, Miguel Arteta) ou Phénomènes (2008, M. Night Shyamalan). Elle tente également de combiner ses deux passions, la musique et le cinéma, en jouant notamment dans (500) jours ensemble (2009, Marc Webb), film dans lequel on peut entendre une reprise d'une chanson des Smiths par She and Him, et pour lequel un superbe clip de promotion a été réalisé en utilisant la chanson "Why do you let me stay here", issue de l'album Volume One. Enfin, après un rôle récurrent dans Weeds, Zooey Deschanel pourrait être l'héroïne en 2010 d'une nouvelle série télé pour HBO, I'm with the band : Confessions of a groupie, adaptation des mémoires de Pamela Des Barres, groupie qui fréquenta de nombreux musiciens à la fin des années 1960.

 

Clip promotionnel - (500) Jours Ensemble - Muisque : She and Him - "How do you let me stay here"

 

Zooey Deschanel débute en 2001 une carrière parralèle de chanteuse, en montant un groupe de jazz au doux nom de If All The Stars Were Pretty Babies. En 2007, à la veille de sa rencontre avec Matt Ward, elle apparaît sur deux titres du groupe de l'acteur Jason Schwartzman, Coconut Records. She croise alors le chemin de Him...

 

She and Him - "Thieves" - Volume Two

 

Him : Matt Ward

sheandhim

Lui, c'est donc Matt Ward. Un singer-songwriter mulit-instrumentiste qui mêle, au fil de ses 7 albums solo, folk, rock, blues, country, dans une veine à la fois joyeuse et mélancolique. Son dernier album en date, Hold Time (2009), témoigne de toute la variété dont est capable le bonhomme avec des chansons aussi différentes que "For Beginners" et "Fisher of Men". On voit surtout à quel point Matt Ward aime à soigner ses duos, magnifiques écrins pour Lucinda Williams ("Oh Lonesome Me") ou Zooey Deschanel ("Never Had Nobody Like You"). Collaborant notamment avec Cat Power ou Norah Jones, il n'aime rien tant que jouer ce rôle de Pygmalion : "J’ai la chance de me retrouver avec des gens passionnants et de ne pas toujours faire la même chose. J’adore jouer le rôle de producteur. Je me comporte alors un peu comme un photographe : j’essaie de soigner le mieux possible les contrastes, de trouver un équilibre entre l’obscurité et la lumière. » Et c'est en 2007 que Him croise le chemin de She...

 

M. Ward et Zooey Deschanel - "Never Had Nobody Like You" - Hold Time

 

She and Him : des bijoux folk/rock au doux parfum rétro

She--Him--peace-short.jpg

C'est sur le tournage du film The Go-Getter (2007), dans lequel elle tient le rôle principal, que Zooey Deschanel rencontre Matt Ward. Ils participent à la bande originale du film et décident de poursuivre l'aventure ensemble. Le résultat sera Volume One (2008). Zooey écrit, compose et chante, tandis que Matt produit, joue et l'accompagne parfois au chant. Avec cet album, Zooey Deschanel et Matt Ward nous replongent dans l'Amérique insouciante des années 1960. Il règne dans leurs morceaux une telle légèreté qu'ils nous collent le sourire aux lèvres et restent longtemps gravés dans les coeurs. Volume One regorge de chansons aux vertus euphorisantes : "Why do you let me stay here", "This is not a test", "I was made for you", "Sweet Darlin'", n'en sont que quelques exemples. Parfois, la voix se fait plus mélancolique avec "Sentimental Heart" ou "I thought I saw your face today", et pourtant ces chansons conservent cette légèreté, teintée de suavité, voire de sensualité. Une grâce à mettre au crédit de la voix claire et sobre de Zooey Deschanel.

 

She and Him - "You Really Got A Hold On Me" - Volume One

 

Avec le second volet de leurs aventures, Volume Two (2010), She and Him confirment tout leur talent à ciseler des chansons aux harmonies légères et rétro. Si "In the Sun", premier extrait de l'album, n'est sûrement pas leur meilleure chanson (confirmé pendant le concert), toutes les autres tiennent admirablement la comparaison avec le premier volume. On reste béat d'admiration à l'écoute de "Don't Look Back" ou "Lingering Still". L'album donne furieusement envie de mordre dans la vie à pleines dents. 

Restait à savoir si nos "Johnny Cash/June Carter" du XXIe siècle passeraient avec brio l'épreuve de la scène...

 

She and Him - "Don't Look Back" - Volume Two

 

Un concert charmant, mais qui ne décolle pas vraiment


Le plaisir presque jubilatoire ressenti à l'écoute des albums devait nécessairement trouver sa parfaite retranscription sur la scène intimiste de l'Alhambra. Le concert, complet depuis plus d'un mois, était attendu par tous les fans du duo américain. Hélas, l'alchimie et la magie des albums, n'ont été ressenties que trop rarement au cours d'un concert où quasiment tout le répertoire du duo a été passé en revue, les morceaux s'enchaînant parfois même un peu trop rapidement. 

On aime la sobriété et la légèreté du groupe, on aime moins le caractère presque effacé de Matt Ward, placé en retrait des autres musiciens et de la chanteuse. Peut-être veut-il laisser la vedette à Zooey Deschanel, mais cela empêche les interactions entre lui et la chanteuse, et prive ainsi le public d'une réelle communion avec le groupe. On sait le monsieur un peu timide, ceci explique peut-être cela...

On aime l'idée d'une formation élargie sur certaines chansons qui le méritent ("I Was Made For You", "Sweet Darlin'"...), on aime moins le niveau sonore des instruments parfois trop élevé par rapport à la voix de Zooey Deschanel. Une voix toujours aussi belle mais tout de même moins posée, moins tenue (parfois carrément fausse) que sur les albums.

Et pourtant, le charme opère malgré tout, en particulier lorsque le duo se retrouve seul en scène. Zooey se met alors au piano pour "You really got a hold on me" ou "Take it back" et la magie opère à nouveau. Si "In the Sun" est décidément la chanson maudite du nouvel album (massacrée en concert par Zooey Deschanel et les arrangements), on retrouve avec plaisir l'ensemble des chansons du groupe, notamment la reprise de "Gonna Get Along Without You Now" ou "Got Me". Et lorsque la jeune femme attrape son ukulélé ou fait un peu n'importe quoi au piano, on retrouve un peu de la fantaisie qui nous les fait tant aimer. Le concert se termine d'ailleurs dans un tourbillon de chansons très rythmées ("Why Do You Let Me Stay Here ?", "Sweet Darlin'"...) qui injecte un peu de folie dans cette soirée parfois trop sage.

 

She and Him - "Gonna Get Along Without You Now" - Volume Two

 

Du chame donc, She and Him en a à revendre. Reste que l'on attendait plus de leur première prestation parisienne. Plus de fantaisie, plus de folie, plus de magie. Une seule question demeure désormais. A quand le Volume Three

 

 

 

 

 

Partager cet article
Repost0
8 avril 2010 4 08 /04 /avril /2010 18:23

Après une soirée d'ouverture marquée par la présentation de l'ultra-calibrée mais efficace FlashForward, le festival Séries Mania changeait de registre et de format mercredi avec une soirée consacrée à la psychothérapie. Les festivaliers, moins nombreux que la veille, ont pu en effet (re)découvrir l'une des séries les plus audacieuses et enthousiasmantes du moment, In Treatment (En Analyse), et sa version originale israélienne, Betipul.

 

Les origines de Betipul

Créée en 2005, Betipul a d'abord rencontré un grand succès en Israël. Peut-être en premier lieu par manque de bons programmes à la télévision. C'est ce que pointe le créateur de la série, Hagai Levi. Pour trouver l'idée de sa série, il s'est en effet demandé ce qu'il avait envie de voir sur son écran. Et très vite, la psychothérapie s'est imposée dans son esprit, lui-même, expert en la matière, se faisant suivre depuis l'âge de 10 ans. C'est peut-être aussi la levée d'un tabou (plus ou moins avoué) qui explique cet engouement pour la série. Enfin, Betipul, par son dispositif même,active chez le spectateur un sentiment de curiosité (à la limite du voyeurisme) qui explique aussi en partie son succès. Qui n'a jamais rêvé d'entendre ce que pouvait raconter un proche chez son psy ?

 

Un dispositif épuré qui révèle les émotions

Le dispositif, justement, parlons-en. Un jour, un psy, son patient. La caméra circule de l'un à l'autre par de classiques champs/contrechamps. Pas de mouvements de caméra, pas (ou peu) de musique, l'aridité du dispositif n'a d'égale que l'émotion suscitée par ces conversations d'un réalisme confondant. Dans la saison 1, le psy reçoit tour à tour une femme en plein tranfert érotique, un militaire qui a tué des civils (à Gaza dans la version israélienne, en Afghanistan dans la version américaine), une gymnaste accidentée et un couple à l'entente un peu douteuse. Mais très vite, on se rend compte que le personnage principal de chaque séance n'est pas tant le patient reçu que le psychothérapeute lui-même, bien loin de rester impassible devant les états d'âme de ses patients. C'est aussi ce qui fait la force et la beauté de cette série. Le spectateur est à la fois placé dans la position du psy, à l'écoute de ses patients, mais il a également un rôle d'observateur de la manière avec laquelle le psy mène les séances, révélant les mécanismes de l'esprit et de la psychologie humaine. Surtout, il ressent avec d'autant plus d'acuité les émotions ressenties par ce personnage au fil des séances, personnage auquel il est très facile de s'identifier.

Un psy en analyse

Car s'il reçoit dans son cabinet tout au long de la semaine, le dernier jour est consacré à sa propre analyse. Ressortent alors les émotions, les colères, les regrets, accumulés tout au long de la semaine, et liés tout autant aux petites douleurs perçues au fil des séances qu'au désordre sentimental de sa propre vie. On perçoit alors le personnage sous un jour nouveau, celui d'un homme aussi fragile que ses patients mais qui tente de les aider malgré tout. C'est cette absence étonnante de manichéisme qui fait tout le prix de cette belle série. 

De Betipul à In Treatment

Hagai Levi avoue avoir été surpris par le succès mondial rencontré par sa série. Il a souhaité s'impliquer sur le remake américain, en tant que producteur exécutif et donc consultant de luxe. La saison 1 de In Treatment n'est qu'une traduction (légèrement adaptée) de la première saison de Betipul, ce qui permet d'établir peu de comparaisons entre les deux séries. Cependant, le Forum des Images a eu l'excellente idée de programmer mercredi soir une semaine entière de psychothérapie en alternant les épisodes des deux séries. Résultat des courses : on sent un naturel beaucoup plus prononcé dans la version israélienne, et un côté plus fabriqué dans la série américaine. Dans les deux cas, le résultat est excellent, mais il y a un soupçon d'incontrôlé dans Betipul que l'on ne retrouve pas dans In Treatment.

 

Pour terminer, rappelons que Woody Allen reste le plus grand cinéaste à traiter de la psychothérapie dans ses films, et que chacun de ses films est une psychothérapie à lui tout seul. Dans Une Autre Femme (1989), une femme (Gena Rowlands), surprenant par hasard les confidences d'une autre (Mia Farrow) à son psychothérapeute, remettait subitement sa vie en question. C'est ce programme assez fascinant que nous proposent Betipul et In Treatment.



Read more at Suite101: Festival Séries Mania - Betipul et In Treatment, de Hagai Levi http://serietv.suite101.fr/article.cfm/festival-series-mania---betipul-et-in-treatment-de-hagai-levi#ixzz0kWjhYzzk

 

Partager cet article
Repost0
7 avril 2010 3 07 /04 /avril /2010 12:29

FlashForward, ou les dédales du temps. C'est avec cette nouvelle série américaine, annoncée dans la lignée de Lost, que le Forum des Images a choisi de lancer sa première édition du Festival Séries Mania. En présence de Brannon Braga, le créateur de la série, et dans une ambiance surchauffée avec une moyenne d'âge largement abaissée dans cette enceinte emblématique du cinéma, FlashForward, malgré ses nombreux défauts, est le lien idéal, thématique et formel, entre cinéma et télévision. Manière de mettre en appétit les amateurs et passsionnés de séries, qui devraient goûter aux nombreuses pépites proposées par les programmateurs du festival.

 

 

Un festival d'envergure internationale

Il manquait à Paris un grand festival consacré aux séries télévisées, l'affront est désormais réparé. Autrefois parent pauvre du cinéma, elles ont désormais acquis, depuis une dizaine d'années et l'avènement de Six Feet Under, une légitimité et une véritable valeur artistique. C'est pourquoi le Forum des Images, dont la directrice générale, Laurence Herszberg, a rappelé en introduction à la soirée "l'ouverture à toutes les images", a choisi de consacrer une semaine entière à la découverte du meilleur des séries télévisées inédites ou en avant-première de leur diffusion française et en provenance des quatre coins du monde (Etats-Unis bien sûr, mais aussi France, Israël, Grande-Bretagne, Chine...). Plusieurs temps fort marqueront cette manifestation : des rencontres avec les créateurs de séries innovantes (Brannon Braga pour FlashForward, Clyde Phillips pour Dexter, Hagai Levi pour In Treatment et Betipul), de nombreuses tables rondes, la journée de vendredi consacrée aux séries britanniques (quasi-invisibles en France), ainsi que deux véritables marathons avec la programmation des intégrales de la saison 2 de True Blood, la nouvelle série d'Alan Ball (samedi 10 avril, de 19h00 à 6h30), et de la saison 2 de Mad Men, peut-être la meilleure série du moment (dimanche 11 avril, de 11h00 à 23h30).

 

FlashForward : des passerelles étonnantes entre télévision et cinéma...

Et le premier temps fort du festival, c'était donc hier soir avec la projection en avant-première de sa diffusion française (Canal +, puis TF1) de FlashForward, nouvelle création de Brannon Braga (déjà coproducteur et scénariste sur 24 Heures Chrono). Une série dont le passage sur grand écran paraît presque évident, tant ses moyens financiers se rapprochent d'une production cinématographique (4 millions de dollars par épisode, 10 millions pour le pilote). L'histoire : pendant 2 minutes et 17 secondes, toute l'humanité perd conscience. Lors de ce "black-out", chaque être humain rêve de l'endroit où il se trouvera six mois plus tard. Comment chacun va-t-il réagir face à ce flashforward qui, positif ou négatif, modifie sensiblement la manière pour les personnages d'appréhender leur propre présent ? C'est tout l'enjeu de ces deux premiers épisodes, mélange de course contre la montre haletante à la 24 Heures Chrono et de dérèglements temporels et autres interrogations métaphysiques typiques de la série Lost. Une réflexion sur le temps qui renvoie également à tout un pan cinématographique du début des années 2000, de Mulholland Drive à Eternal Sunshine of the Spotless Mind. FlashForward semble donc, au vu de ses premiers épisodes, trouver un terrain d'entente entre divertissement ultra-calibré, suspense savamment dosé, et réflexion moderniste sur le temps.

...mais de nombreux défauts qui pourraient être rédhibitoires

Oui, mais voilà, si le concept de la série paraît vraiment prometteur et efficace, les premiers épisodes de FlashForward ne sont pas dépourvus de défauts qui pourraient nuire à la qualité du show sur le long terme. D'abord ses personnages très stéréotypés : le flic, le médecin... Ensuite, des acteurs menés par un Joseph Fiennes manquant d'expressivité. Enfin, un côté mélodramatique (ralentis, flashbacks, une histoire d'adultère peu inspirée...) qui pourrait plomber les nombreuses intrigues parallèles qui s'entrecroiseront au fil des épisodes. Espérons que les scénaristes sauront rendre plus denses des personnages auxquels on a encore un peu de mal à s'attacher (c'est aussi cet attachement qui fait la force d'une série).

 

A la manière des films d'ouverture du Festival de Cannes, FlashForward s'avère en tout cas un produit d'appel plutôt efficace pour partir à la découverte des autres séries programmées au cours de cette semaine.



Read more at Suite101: Festival Séries Mania - FlashForward : le temps accéléré http://serietv.suite101.fr/article.cfm/festival-series-mania----flashforward--le-temps-accelere#ixzz0kPTFK4tb

Partager cet article
Repost0
3 avril 2010 6 03 /04 /avril /2010 15:45

Les sorties ciné les plus attendues

 

Semaine du 7 avril

Ajami, de Scandar Copti et Yaron Shani (sraël)

Décidément, le cinéma israélien se porte bien puisque ses cinéastes viennent de plus en plus régulièrement nous donner des nouvelles. C'est le cas ce mois-ci avec ce film prometteur réalisé conjointement par un musulman et un juif, et qui met en scène des habitants d'Ajami (justement), quartier de Jaffa où cohabitent (justement) chrétiens, juifs et musulmans.

 

Semaine du 14 avril

Green Zone, de Paul Greengrass (USA)

Le réalisateur de Bloody Sunday et Vol 93 s'attaque à un sujet épineux avec ce film sur les agissements et les mensonges des Etats-Unis lors de l'invasion en Irak. Si les films américains sur l'Irak sont rarement réussis, le cinéma nerveux et haletant de Paul Greengrass pourrait bien changer la donne.

8 fois debout, de Xabi Molia (France)

Un premier film qui n'a pas peur de parler de précarité et de chômage, c'est intéressant. Ca l'est doublement lorsqu'on retrouve au casting Denis Podalydès, qui devrait insuffler pas mal de fantaisie à l'ensemble.

Téhéran, de Nader T. Homayoun (Iran)

L'Iran, encore. Cette fois vu sous l'angle du film de genre.

New York I love You, Collectif (USA)

Sur le modèle de Paris Je t'aime, une dizaine de court-métrages réalisés par de grands cinéastes (pas forcément américains). Casse-gueule, mais après Paris, New York mérite évidemment d'avoir son film. L'occasion de retrouver devant la caméra Drea de Matteo (échappée des Desperates Housewives), Christina Ricci, Natalie Portman, ou encore Andy Garcia.

 

Semaine du 28 avril

Air Doll, de Hirokazu Kore-Eda (Japon)

Un ovni que ce nouveau film du réalisateur japonais après les passionnants Nobody Knows et Still Walking. L'histoire d'amour d'une poupée gonflable qui, petit à petit, devient humaine...

 

 

Les événements du mois

 

Le festival Séries Mania

Il manquait à Paris un grand festival des séries télé. L'affront est désormais réparé puisque le Forum des Images propose du 6 au 11 avril le Festival Séries Mania, qui permettra de découvrir plus d'une vingtaine de séries, en avant-première de leur diffusion en France. On peut noter la grande diversité des séries présentées, venues de tous les horizons : France (Les Invincibles saison 2, Engrenages saison 3), Israël (Betipul, la série qui a inspiré le remake américain In Treatment, également présenté), Grande-Bretagne (Criminal Justice, Money)... Les Etats-Unis se taillent évidemment la part du lion dans cette programmation, avec la découverte d'une nouvelle série médicale (Nurse Jackie), le retour de Toni Collette avec un personnage aux troubles de la personnalité (United States of Tara), mais aussi Flashforward, Breaking Bad, Bored to Death, V ou How to Make it in America.

Deux grands moments dans cette manifestation :

- le créateur de Dexter, Clyde Phillips, viendra parler de sa série le jeudi 8 avril à 18h30 ;

- la programmation de deux saisons intégrales : la saison 2 de True Blood, la nouvelle série d'Alan Ball, le "papa" de Six Feet Under, le samedi 10 avril à partir de 19h00 ; et la saison 2 de Mad Men, peut-être la meilleure série du moment, le dimanche 11 avril à partir de 11h00.

 

Tout le programme ici

 

Cycle Noir Lumière

Le Forum des Images consacre son nouveau cycle au "noir lumière", avec pour le mois d'avril 4 thèmes principaux : le noir chic, les expérimentations cinématographiques autour du noir, le noir autoritaire, et le noir rébellion. L'occasion de voir (ou revoir) La Notte (Antonioni), La Femme au Portrait (Fritz Lang), La Messe est finie (Nanni Moretti), Le Procès (Orson Welles), 10e Chambre, Instants d'Audience (Raymond Depardon), Mean Streets (Martin Scorsese) ou Kafka (Steven Soderbergh).

Et voilà le programme ! 

 

She and Him en concert - Alhambra - 29 avril

Zooey Deschanel, l'actrice de (500) Jours ensemble, se produit en concert à l'Alhambra le 29 avril. Avec M. Ward à la guitare, ils forment le groupe She and Him. Le moment devrait être magique... Pour plus de détails, cliquez ici 

 

Autres manifestations

Parmi les autres manifestations du mois, citons le cycle "Takeshi Kitano, l'iconoclaste" au Centre Pompidou, qui se poursuit jusqu'au 26 juin.

Programme

 

Du 2 au 5 avril, le Centre Pompidou consacre également une rétrospective au documentariste Nicolas Philibert, l'auteur d'Etre et Avoir et du tout frais Nénette.

Programme

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Partager cet article
Repost0
16 mars 2010 2 16 /03 /mars /2010 11:44
http://www.lasplash.com/uploads/1/hollywood_party-2-13.jpg
Le chef opérateur des films de Fassbinder, Coppola, et surtout de nombreux films de Martin Scorsese dont Le Temps de l'Innocence ou Les Affranchis, se confie à Télérama dans cette petite vidéo assez passionnante. Pour ceux (comme moi) qui ont raté sa leçon de cinéma à la Cinémathèque Française, c'est un bon moyen de se rattraper. On y découvre un homme passionné, qui "met en lumière" le travail de chef opérateur, son exigence, l'amour qu'il porte aux acteurs, et la collaboration entre un réalisateur et son chef opérateur.

http://www.telerama.fr/cinema/au-coeur-des-images-1-michael-ballhaus-l-oeil-de-scorsese-et-fassbinder,53530.php 
Partager cet article
Repost0
15 mars 2010 1 15 /03 /mars /2010 17:10

http://media.zoomcinema.fr/photos/news/2221/affiche-the-ghost-writer.jpgAlors que les polémiques concernant sa vie privée ne désenflent pas, Roman Polanski revient par la grande porte du cinéma avec un thriller paranoïaque délicieusement vénéneux, claustrophobique et un brin manipulateur. Autant d'adjectifs qui s'adaptent parfaitement à l'oeuvre entière de Roman Polanski et qui témoignent d'une réelle continuité, de Répulsion (1966) jusqu'à aujourd'hui.

Avec ce Ghost Writer, le réliasateur de Rosemary's Baby suit les traces d'un nègre littéraire (impeccable Ewan McGregor) engagé pour réécrire les mémoires d'un ancien Premier ministre britannique, Adam Lang, suite à la mort (suicide ? accident ?) de son prédecesseur. Mais très vite, il se rend compte de la difficulté de la tâche. L'homme politique fuit les questions, et l'île sur laquelle l'action prend place semble contenir plus de secrets qu'il ne pouvait l'imaginer.

Paranoïa et oppression

Roman Polanski est un maître dans l'art d'installer des ambiances inquiétantes. The Ghost Writer ne déroge pas à cette règle. Dès les premiers plans, qui nous font découvrir une voiture abandonnée sur un ferry (en réalité, celle conduite par le premier biographe décédé), la mise en scène très factuelle et l'excellente partition musicale d'Alexandre Desplat nous entrâinent directement dans une atmosphère trouble. Le danger est bien là, présent dès les premières images. Un certain malaise qui se dessine également lors de l'étrange entretien d'embauche du personnage incarné par Ewan McGregor. Entretien assez invraisemblable qui voit le biographe embauché pour son "incompétence". C'est parce qu'il ne connaît rien à l'univers politique qu'il pourra en parler avec "coeur". Et qui se termine par une agression caractérisée en pleine rue. Mais l'angoisse atteint son paroxysme lors de l'arrivée du personnage sur l'île habitée par le politicien. Le décor prend ici toute son importance puisque cette maison de vacances ressemble en réalité à un bunker ultra-sécurisé. Et lorsque les éléments se déchaînent, le piège se referme sur l'écrivain fantôme".

http://img.ozap.com/02694034-photo-the-ghost-writer.jpg
Une variation de film à suspense hitchcockien

Ce qui frappe d'emblée, c'est l'extrême simplicité et le classicisme de la mise en scène de Roman Polanski. Une simplicité qui n'a dégale que l'efficacité d'une intrigue au suspense redoutable. Entièrement conduit du point de vue de son personnage principal, le récit maintient un suspense haletant tout du long, bénéficiant de nombreux rebondissements sans jamais rechercher l'effet spectaculaire. Certaines séquences sont à couper le souffle, telle celle où l'écrivain tente d'échapper à ses poursuivants, sur le même ferry que celui qui avait abrité la mort du premier biographe au début du film. The Ghost Writer suit à cet effet la structure typique du suspense hitchcockien, la fuite d'un homme poursuivi par ceux qui veulent sa mort. On pense ici notamment à des films comme Les 39 marches (1935) ou La Mort aux trousses (1959). D'autant que notre personnage est entouré de deux femmes, la blonde et la brune, opposées l'une à l'autre par leurs attitudes. Mais sont-elles vraiment telles qu'elles paraissent être ? Car c'est aussi la grande force du film. Notre biographe, et le spectateur avec lui, sait bien qu'il ne peut faire confiance à personne, les apparences pouvant parfois s'avérer plus que trompeuses.
L'angoisse est aussi véhiculée par des objets qui semblent avoir une véritable valeur maléfique, telle cette voiture d'occasion qui conduit pourtant l'écrivain sur les traces du précédent biographe. A la fin du film, un simple bout de papier passant de main en main remplit également parfaitement cette fonction.
Enfin, comme dans le thriller existentialiste des Frères Coen A Serious Man, l'extrême jubilation de Roman Polanski à martyriser son personnage est perceptible tout au long du film. Le réalisateur pare alors son intrigue de traits d'humour à froid, à la fois terrifiants et jubilatoires. La séquence dite de la "clé USB" en est un bon exemple.


http://image.ifrance.com/cinema/film/6/0/132406-2-the-ghost-writer.jpg
Avantage Polanski

Il est intéressant de constater que deux des cinéastes les plus intéressants de la deuxième moitié du XXe siècle sortent deux films assez comparables à une semaine d'intervalle. Un thriller psychologico-fantastique pour Martin Scorsese avec Shutter Island, un autre plus classique et pervers pour Polanski. Si le thème de la paranoïa parcourt les deux films, Scorsese l'utilise dans une logique toujours plus spectaculaire, tandis que Polanski, par la simplicité de son dispositif et la confiance témoignée en son scénario, y injecte davantage de subtilité, d'ironie et finalement d'efficacité dramatique. The Ghost Writer est son meilleur film depuis bien longtemps. Au-delà de l'intrigue politique, le film, par son efficacité narrative et une identification maximale, est un plaisir pur de spectateur.


http://img.filmsactu.com/datas/films/t/h/the-ghost-writer/n/4b2a54ef6ee6d.jpg

The Ghost Writer - De Roman Polanski - France - Avec Ewan McGregor, Pierce Brosnan, Olivia Williams, Kim Catrall, Tom Wilkinson, Eli Wallach... - Durée : 2h08 - Sortie le 3 mars 2010.

Read more at Suite101: The Ghost Writer, de Roman Polanski: Un thriller paranoïaque de premier ordre http://cinema.suite101.fr/article.cfm/the-ghost-writer---de-roman-polanski#ixzz0iGJGxhkW


Bande annonce - The Ghost Writer
Partager cet article
Repost0
13 mars 2010 6 13 /03 /mars /2010 15:19

http://a3.img.v4.skyrock.net/a31/she-and-hiiim/pics/1892525961_1.jpg
Un concert d'une formation appelée She and Him, quel rapport avec le cinéma me direz-vous? Si je vous dis qu'il réunit le musicien et chanteur folk M. Ward et Zooey Deschanel, vous devriez commencer à comprendre. Mais oui, Zooey Deschanel, la craquante actrice de la meilleure comédie romantique de l'an dernier, (500) jours ensemble. Car en plus d'avoir un joli minois et d'être une actrice pleine de fantaisie, Zooey chante... et chante même très bien.

M. Ward et Zooey Deschanel, c'est l'alliance d'un orfèvre de la musique folk-rock (son dernier album, Hold Time, est une petite merveille) et d'une chanteuse à la voix claire et profonde. Il se dégage de leur collaboration une énergie et un plaisir communicatifs qui, à coup sûr, devraient transparaître sur scène. Ensemble, ils ont sorti en 2008 un premier album, Volume One, dans un style années 60 du plus bel acabit. La chanson "Why do you let me stay here" est un régal d'écriture ciselée, de mélodie entêtante et de fantaisie débridée, et Volume One un album qu'on peut réécouter en boucle sans jamais se lasser.

Rebelote donc dès le début du mois d'avril avec la sortie du second volet des aventures musicales du tandem Ward/Deschanel, Volume Two. Le premier titre de l'album, ainsi que le clip qui l'accompagne, semblent augurer d'un plaisir d'écoute comparable au premier.

She and Him sera en concert à Paris, à l'Alhambra dès le 29 avril 2010. Un rendez-vous à ne pas manquer pour les amoureux de musique et de cinéma.


Le site officiel de She and Him : http://www.sheandhim.com/

Et le nouvel album, Volume Two, est en écoute intégrale ici : http://www.npr.org/templates/player/mediaPlayer.html?action=1&t=1&islist=false&id=124615798&m=124593761

She and Him - Why do you let me stay here (Clip) - Volume One



She and Him - In the Sun (Clip) - Volume Two
Partager cet article
Repost0
9 mars 2010 2 09 /03 /mars /2010 13:18

http://pagesperso-orange.fr/sublimeacide/images/images/cin%E9ma/walk%20the%20line.jpg
Retraçant sans grande originalité le destin du chanteur « country-rock » américain Johnny Cash, de ses débuts laborieux au concert mythique du 13 janvier 1968 à la prison de Folsom, Walk The Line prend la mesure de la légende à travers d’incroyables numéros chantés et l’interprétation magistrale de ses deux acteurs principaux, Joaquin Phoenix et Reese Witherspoon.

Traumatisme initial, dépendance et rédemption : une biographie filmée trop classique

Walk the line suit les schémas préétablis du genre "biopic". Tout part d’abord d’un traumatisme initial, la mort du frère dans des conditions atroces, et un fort sentiment de culpabilité alimenté par son père. Si James Mangold sait éviter ici les flash-back larmoyants qui parsemaient Ray (biographie filmée de Ray Charles), il n’en reste pas moins que le talent de Johnny Cash et sa passion pour la musique ne semblent s’expliquer que par cette enfance malheureuse. Le film débute d’ailleurs par un plan sur une scie dans la prison de Folsom qui permet à Cash de se remémorer ce morceau d’enfance, ce qui ne fait que confirmer l’importance que le film lui accorde.


Cette vision assez simpliste du destin de l’artiste se poursuit lorsque Johnny Cash devient une vedette. Plutôt que de montrer le génie à l’œuvre, le processus de création musicale, le réalisateur s’attache sans aucune originalité à présenter la plongée du chanteur dans les affres de la dépendance (alcool, amphétamines) et ses ravages sur sa vie et son œuvre. C’est évidemment du déjà-vu, d’autant que la mise en scène manque de souffle, ce qui est bien un comble lorsque l’on suit les traces d’une légende de la musique. Le film ne retrouve qu’à de très rares moments l’énergie créatrice et la frénésie jubilatoire qui faisaient la réussite de Ray.


Quant à la rédemption, elle passe par l’amour, ce qui n’est pas là aussi d’une folle audace, mais réserve les plus beaux moments du film.

http://thecia.com.au/reviews/w/images/walk-the-line-4.jpg
L’amour rédempteur d’un couple mythique

La réussite du film tient en effet essentiellement à cette relation qui traverse le temps entre Johnny Cash et celle qui partagea nombre de ses tournées puis sa vie, June Carter. C’est en effet grâce à elle si le chanteur, touchant le fond, a pu trouver la force de rebondir. Le réalisateur montre également avec efficacité la force d’inspiration que représente cet amour pour Johnny Cash, notamment pour la chanson « Walk the line » qui donne son titre au film.


Mais c’est véritablement au cours des prestations scéniques que le film trouve toute son intensité. Les duos entre Johnny Cash et June Carter laissent en effet transparaître leur grande complicité et révèlent la passion qui les unit. Ces scènes sont ainsi filmées au plus près des corps qui se frôlent, leurs regards se cherchent ou se dérobent, et toute la magie du film naît de ces instants où les deux personnages semblent comme hors du temps. Leur alchimie s’explique également par l’implication des deux acteurs principaux qui chantent eux-mêmes, ce qui est une performance. Reese Witherspoon confirme, après nombre de comédies, son potentiel dramatique. Elle dégage une belle présence qui tient autant à son visage atypique qu’à sa voix à la fois fluette et profonde. Quant à Joaquin Phoenix, touché par les similitudes entre l’existence du chanteur et la sienne (il a, lui aussi, perdu un frère à qui l’on promettait une brillante carrière très jeune), il en fait un artiste passionné et torturé. Et dès qu’il entre en scène et prononce d’une voix profonde et grave « Hello, I’m Johnny Cash », porteur d’une énergie à la fois douloureuse et jubilatoire, l’acteur restitue à lui seul toute la complexité de cette légende de la musique américaine.


http://www.reelingreviews.com/walkthelinepic.jpg


Walk the line
, de James Mangold - USA - Avec Joaquin Phoenix, Reese Witherspoon, Ginnifer Goodwin... - Durée : 2h10 - 2006.



Read more at Suite101: Walk The Line, de James Mangold: Quand l'amour nourrit la légende http://cinema.suite101.fr/article.cfm/walk-the-line-de-james-mangold#ixzz0hgI4nmZ0

Bande annonce - Walk The Line


Musique - "I Walk The Line" (Johnny Cash)

Musique - "I Walk The Line" (Joaquin Phoenix)
Partager cet article
Repost0
9 mars 2010 2 09 /03 /mars /2010 12:20

http://faussesvaleurs.unblog.fr/files/2009/04/lacaiman.jpg
Entre humour carnassier et équilibre ténu des émotions intimes, Nanni Moretti rend compte de sa vision, lucide et acérée, de la société italienne. Satire anti-Berlusconi, mise en abîme du cinéma, portrait tragi-comique d’un homme en perte de repères, Le Caïman allie magnifiquement l’intime et le politique pour produire un film rare, symbole d’une Italie à la dérive.

Bruno Bonomo est un homme qui perd pied. Producteur de films de série Z au bout du rouleau, il ne parvient pas à monter une nouvelle superproduction fauchée intitulée Le retour de Christophe Colomb. Sa vie privée n’est pas plus reluisante puisque sa femme souhaite le quitter, alors que leurs deux enfants semblent déboussolés par la situation. C’est alors qu’il se voit remettre un scénario, « Le Caïman ». Croyant d’abord à un thriller politique, Bruno accepte de le financer, avant d’apprendre qu’il s’agit en fait d’une biographie de Berlusconi. D’abord effrayé par cette perspective, il décide finalement de monter le film et, par cette entreprise de réhabilitation, retrouve peu à peu goût à la vie.


Berlusconi, symbole de la déliquescence d'une société
 

Après sa Palme d’Or remportée en 2001 pour La Chambre du fils, un drame intimiste dont l’émotion affleurait de la simplicité de son traitement, Nanni Moretti repart bredouille du Festival de Cannes 2006. C’est pourtant l’une des ses oeuvres les plus ambitieuses qui y est présentée cette année-là. L’ambition de brosser dans un même mouvement un portrait au vitriol de la figure italienne majeure de ces dernières années et un état d’une société déliquescente, en perte de repères. Le Caïman est d’ailleurs loin d’être une simple charge contre Berlusconi. Celle-ci ne s’y inscrit qu’en creux, derrière la trajectoire tragi-comique de son personnage principal.


Ce qui fait la grande force des films de Nanni Moretti, c’est en effet cette manière de marier légèreté et souffrance. Le réalisateur injecte ainsi une bonne dose d’humour dans le destin de Bruno. Paradoxalement, c’est d’ailleurs l’énergie du personnage qui le rend à la fois drôle et grave. Drôle car cette énergie est entièrement mise au service du film qu’il tente de produire, surmontant les obstacles par cette obstination patente. Grave car son excitation peut s’apparenter dans bien des cas à l’énergie du désespoir. Perceptible à la fois dans son implication professionnelle, lorsque son acteur principal abandonne le projet, comme dans sa vie familiale, lorsqu’il tente par une pirouette malicieuse d’empêcher sa femme de révéler à leurs enfants leur séparation, c’est ce mélange tragi-comique qui permet de préserver une lueur d’espoir dans l’existence de Bruno alors que sa vie familiale et professionnelle semble se déliter, symbole d’une société italienne en pleine décomposition.


C’est ce délabrement que Nanni Moretti met en scène lorsqu’il représente Berlusconi ; un président du Conseil italien fictif puisque les scènes dans lesquelles il apparaît sont tout droit sorties du scénario présenté à Bruno par Teresa, la jeune réalisatrice. Il en ressort des scènes à la fois drôles, pathétiques et effrayantes, dans lesquelles le réalisateur utilise l’emphase (nombreux ralentis) pour dénoncer les magouilles de l’homme d’affaires. Manière déguisée de reproduire par les moyens du cinéma les mensonges les plus accablants de Berlusconi.


http://image.ifrance.com/cinema/film/1/8/109281-8-le-caiman.jpg
Un hommage au cinéma

 

Le Caïman est enfin un hommage magistral au cinéma, aux difficultés que représente la production d’un film, mais surtout à son extraordinaire pouvoir de représentation et de simulacre. En atteste le dénouement du film, une scène de procès dans laquelle Nanni Moretti lui-même interprète le rôle de Silvio Berlusconi. Quand on connaît son aversion pour le personnage, cela produit un effet plus que troublant. Nanni Moretti semble alors nous dire que si le cinéma est bien l’art du simulacre, Berlusconi en est également un adepte très expérimenté.


http://files.fluctuat.net/images/l/e/le-caiman.jpg

Le Caïman, de Nanni Moretti - Italie - Avec Silvio Orlando, Jasmine Trinca, Margherita Buy - 2006 - Durée : 1h52.

Read more at Suite101: Le Caïman, de Nanni Moretti: Le cinéma, l'Italie... et Berlusconi http://cinema.suite101.fr/article.cfm/le-caiman-de-nanni-moretti#ixzz0hg454eCH

Bande annonce - Le Caïman

Partager cet article
Repost0

Présentation

  • : Once upon a time in Cinema
  • : Une invitation à vagabonder au coeur du cinéma, mon cinéma. Ce blog veut créer des passerelles entre les films, entre les cultures, voire même entre les arts, tout en se laissant porter au gré de mes envies de cinéma. Et comme les films se répondent parfois entre eux, ce blog doit être un lieu d'échanges, donc n'hésitez pas à y apporter votre contribution. Laissez-vous maintenant entraîner dans ce journal passionné du cinéma, de tous les cinémas.
  • Contact

Recherche

Archives