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26 mai 2013 7 26 /05 /mai /2013 09:27

Palme d'Or : La Vie d'Adèle, de Abdellatif Kéchiche

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Grand Prix : La Grande Bellezza, de Paolo Sorrentino

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Prix de la Mise en scène : La Grande Bellezza, de Paolo Sorrentino - Only God Forgives, de Nicolas Winding Refn

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Prix du Jury : Tel père, tel fils, de Hirokazu Kore-Eda (même si je ne l'ai pas vu)

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Prix du Scénario : Le Passé, de Asghar Farhadi

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Prix d'interprétation féminine : Adèle Exarchopoulos, pour La Vie d'Adèle

Prix d'interprétation masculine : Toni Servillo, pour La Grande Bellezza

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26 mai 2013 7 26 /05 /mai /2013 00:13
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A 15 ans, Adèle ne se pose pas de question : une fille, ça sort avec des garçons. Sa vie bascule le jour où elle rencontre Emma, une jeune femme aux cheveux bleus, qui lui fait découvrir le désir et lui permettra de s'affirmer en tant que femme et adulte. Face au regard des autres Adèle grandit, se cherche, se perd, se trouve...
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Sublime ! Trois heures qui passent en cinq minutes, au plus près des visages et des corps de ses actrices, c'est miraculeux, c'est le cinéma dans ce qu'il a de plus simple et de plus beau. Adèle Exarchopoulos est une révélation lumineuse. C'est l'énergie de la vie restituée dans un film.
"Si La Vie d’Adèle domine à ce point le festival de Cannes 2013, s’il s’impose de cette manière, c’est qu’il s’agit surtout d’une œuvre surgie de nulle part et destinée à marquer le cinéma d’une empreinte indélébile. La comparaison a été faite ici et ailleurs : c’est le Pialat d’A Nos Amours, un extraordinaire morceau de cinéma qui s’impose dès les premières minutes (les scènes de classe, la rencontre…) par son évidence. Face aux premières images, personne ne questionne les choix de mise en scène, le script, ou la direction d’acteur. Tout est juste. Vrai. Physique." (Première)
Entre La Grande Bellezza, Only God Forgives, La Vie d'Adèle et même Le Passé, je souhaite bien du courage aux membres du jury du 66e festival de Cannes présidé par Steven Spielberg. Que de belles et passionnantes propositions de cinéma cette année à Cannes ! Attention à Hirokazu Kore-Eda, dont je n'ai pas vu le film, mais qui pourrait faire vibrer la corde sensible de Mr Spielberg ! Réponse demain...
Guillaume SAKI.
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25 mai 2013 6 25 /05 /mai /2013 00:12
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À Bangkok, Julian, qui a fui la justice américaine, dirige un club de boxe thaïlandaise servant de couverture à son trafic de drogue.
Sa mère, chef d’une vaste organisation criminelle, débarque des États-Unis afin de rapatrier le corps de son fils préféré, Billy : le frère de Julian vient en effet de se faire tuer pour avoir sauvagement massacré une jeune prostituée. Ivre de rage et de vengeance, elle exige de Julian la tête des meurtriers.
Julian devra alors affronter Chang, un étrange policier à la retraite, adulé par les autres flics…
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Only God Forgives restera comme une grande expérience du Festival de Cannes 2013. Nicolas Winding Refn malmène le personnage mythique de Drive, le déconstruit, le renverse, et c'est purement jouissif ! C'est esthétique, c'est radical, c'est hypnotique, et ultra-violent (il faut le savoir). A ne pas mettre devant tous les yeux ! Kristin Scott-Thomas - Ryan Gosling : le duo de l'année ! Totalement amoral !
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24 mai 2013 5 24 /05 /mai /2013 23:46
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À Bangkok, Julian, qui a fui la justice américaine, dirige un club de boxe thaïlandaise servant de couverture à son trafic de drogue.
Sa mère, chef d’une vaste organisation criminelle, débarque des États-Unis afin de rapatrier le corps de son fils préféré, Billy : le frère de Julian vient en effet de se faire tuer pour avoir sauvagement massacré une jeune prostituée. Ivre de rage et de vengeance, elle exige de Julian la tête des meurtriers.
Julian devra alors affronter Chang, un étrange policier à la retraite, adulé par les autres flics…
Ryan-Gosling-in-Only-God--010.jpg
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Only God Forgives restera comme une grande expérience du Festival de Cannes 2013. Nicolas Winding Refn malmène le personnage mythique de Drive, le déconstruit, le renverse, et c'est purement jouissif ! C'est esthétique, c'est radical, c'est hypnotique, et ultra-violent (il faut le savoir). A ne pas mettre devant tous les yeux ! Kristin Scott-Thomas - Ryan Gosling : le duo de l'année ! Totalement amoral !
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24 mai 2013 5 24 /05 /mai /2013 22:32
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Inside Llewyn Davis raconte une semaine de la vie d'un jeune chanteur de folk dans l'univers musical de Greenwich Village en 1961.
Llewyn Davis est à la croisée des chemins. Alors qu'un hiver rigoureux sévit sur New York, le jeune homme, sa guitare à la main, lutte pour gagner sa vie comme musicien et affronte des obstacles qui semblent insurmontables, à commencer par ceux qu'il se crée lui-même. Il ne survit que grâce à l'aide que lui apportent des amis ou des inconnus, en acceptant n'importe quel petit boulot. Des cafés du Village à un club désert de Chicago, ses mésaventures le conduisent jusqu'à une audition pour le géant de la musique Bud Grossman, avant de retourner là d'où il vient.
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Comme souvent dans leur filmographie, les Frères Coen dressent le portrait d'un éternel loser, ici un chanteur de musique folk dans le Greenwich Village des années 60. L'échec est le grand thème du film, et les deux frangins prennent un malin plaisir à voir leur (anti-)héros multiplier les mauvais choix. C'est drôle, c'est cruel, c'est touchant et mélancolique aussi. Oscar Isaac est un perdant idéal, Carey Mulligan (dans un second rôle court mais marquant) est magnifique.
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Oui mais voilà, ce film plaisant et réussi reste mineur dans la filmographie des Frères Coen et donne surtout furieusement envie de revoir  A Serious Man, proche dans ses thèmes et son ton et véritable chef-d'oeuvre. Les Brothers atteignaient alors une émotion inédite dans leur cinéma car leur personnage tentait (sans succès) de lutter contre l'accumulation de malheurs que les cinéastes mettaient sur son chemin. Llewyn Davis est finalement aussi désespéré (final extrêmement cruel sur la question de l'artiste), mais ne nous bouleverse jamais.
Guillaume SAKI
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24 mai 2013 5 24 /05 /mai /2013 02:48
la-grande-bellezza
Rome dans la splendeur de l’été. Les touristes se pressent sur le Janicule : un Japonais s’effondre foudroyé par tant de beauté. Jep Gambardella – un bel homme au charme irrésistible malgré les premiers signes de la vieillesse – jouit des mondanités de la ville. Il est de toutes les soirées et de toutes les fêtes, son esprit fait merveille et sa compagnie recherchée. Journaliste à succès, séducteur impénitent, il a écrit dans sa jeunesse un roman qui lui a valu un prix littéraire et une réputation d’écrivain frustré : il cache son désarroi derrière une attitude cynique et désabusée qui l’amène à poser sur le monde un regard d’une amère lucidité. Sur la terrasse de son appartement romain qui domine le Colisée, il donne des fêtes où se met à nu "l’appareil humain" – c’est le titre de son roman – et se joue la comédie du néant. Revenu de tout, Jep rêve parfois de se remettre à écrire, traversé par les souvenirs d’un amour de jeunesse auquel il se raccroche, mais y parviendra-t-il ? Surmontera-t-il son profond dégoût de lui-même et des autres dans une ville dont l’aveuglante beauté a quelque chose de paralysant…
 
Splendeurs et décadence, c'est le programme du premier vrai choc de la compétition cannoise. Paolo Sorrentino nous offre un objet filmique inclassable, dans un équilibre instable entre merveilles de la Rome éternelle et désenchantement d'une société décadente. C'est Jep Gambardella, "roi des mondains" en proie au doute (Toni Servillo pourrait remporter le Prix d'interprétation), qui pose son regard, tantôt satirique tantôt mélancolique, sur une société dans laquelle il se reconnait mais dont il voudrait s'échapper (voir la scène splendide de la "disparition" de la girafe).
article_LA-GRANDE-BELLEZZA.jpg
Le film, passionnant, est construit sur de constantes ruptures de rythme. Le touriste japonais terrassé par les beautés romaines, cède la place l'instant d'après à une soirée dantesque aux excès soulignés par une mise en scène stroboscopique. Seule l'entrée en scène de Jep, filmée au ralenti, met fin à cette comédie décadente et impose le personnage à la fois comme emblème et contrepoint à cette société qui s'enivre pour oublier son propre désarroi.
la-grande-bellezza-toni-servillo-carlo-verdone.jpg
Féroce satire sociale et religieuse, le film se double donc d'une profonde mélancolie lorsque Jep tente d'échapper à sa condition. S'il montre que du chaos peut naître la "beauté", Sorrentino dresse surtout le portrait inquiétant d'une société déliquescente.
582955_grande-bellezza-scena-hot.jpg 
Le plus étonnant avec La Grande Bellezza, c'est que au-delà du fond qui peut parfois paraître obscur, le film de Paolo Sorrentino est d'abord une expérience sensorielle assez fascinante. Alternant démesure et retenue, à la fois oppressant et magique, le film est conduit de bout en bout par une folie communicative qui pourrait bien se voir récompensée lors de la remise des prix du 66e festival de Cannes. On parie en tout cas sur un Prix d'interprétation pour le génial Toni Servillo.
 
Guillaume SAKI.
 
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24 mai 2013 5 24 /05 /mai /2013 00:42
la-grande-bellezza
Rome dans la splendeur de l’été. Les touristes se pressent sur le Janicule : un Japonais s’effondre foudroyé par tant de beauté. Jep Gambardella – un bel homme au charme irrésistible malgré les premiers signes de la vieillesse – jouit des mondanités de la ville. Il est de toutes les soirées et de toutes les fêtes, son esprit fait merveille et sa compagnie recherchée. Journaliste à succès, séducteur impénitent, il a écrit dans sa jeunesse un roman qui lui a valu un prix littéraire et une réputation d’écrivain frustré : il cache son désarroi derrière une attitude cynique et désabusée qui l’amène à poser sur le monde un regard d’une amère lucidité. Sur la terrasse de son appartement romain qui domine le Colisée, il donne des fêtes où se met à nu "l’appareil humain" – c’est le titre de son roman – et se joue la comédie du néant. Revenu de tout, Jep rêve parfois de se remettre à écrire, traversé par les souvenirs d’un amour de jeunesse auquel il se raccroche, mais y parviendra-t-il ? Surmontera-t-il son profond dégoût de lui-même et des autres dans une ville dont l’aveuglante beauté a quelque chose de paralysant…
 
Splendeurs et décadence, c'est le programme du premier vrai choc de la compétition cannoise. Paolo Sorrentino nous offre un objet filmique inclassable, dans un équilibre instable entre merveilles de la Rome éternelle et désenchantement d'une société décadente. C'est Jep Gambardella, "roi des mondains" en proie au doute (Toni Servillo pourrait remporter le Prix d'interprétation), qui pose son regard, tantôt satirique tantôt mélancolique, sur une société dans laquelle il se reconnait mais dont il voudrait s'échapper (voir la scène splendide de la "disparition" de la girafe).
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Le film, passionnant, est construit sur de constantes ruptures de rythme. Le touriste japonais terrassé par les beautés romaines, cède la place l'instant d'après à une soirée dantesque aux excès soulignés par une mise en scène stroboscopique. Seule l'entrée en scène de Jep, filmée au ralenti, met fin à cette comédie décadente et impose le personnage à la fois comme emblème et contrepoint à cette société qui s'enivre pour oublier son propre désarroi.
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Féroce satire sociale et religieuse, le film se double donc d'une profonde mélancolie lorsque Jep tente d'échapper à sa condition. S'il montre que du chaos peut naître la "beauté", Sorrentino dresse surtout le portrait inquiétant d'une société déliquescente.
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Le plus étonnant avec La Grande Bellezza, c'est que au-delà du fond qui peut parfois paraître obscur, le film de Paolo Sorrentino est d'abord une expérience sensorielle assez fascinante. Alternant démesure et retenue, à la fois oppressant et magique, le film est conduit de bout en bout par une folie communicative qui pourrait bien se voir récompensée lors de la remise des prix du 66e festival de Cannes. On parie en tout cas sur un Prix d'interprétation pour le génial Toni Servillo.
 
Guillaume SAKI.
 
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18 mai 2013 6 18 /05 /mai /2013 00:12

la-grande-bellezzaonly-god-forgives-affiche-517154d4cdbe9

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17 mai 2013 5 17 /05 /mai /2013 23:40

le-passe.jpg

Après quatre années de séparation, Ahmad arrive à Paris depuis Téhéran, à la demande de Marie, son épouse française, pour procéder aux formalités de leur divorce. Lors de son bref séjour, Ahmad découvre la relation conflictuelle que Marie entretient avec sa fille, Lucie. Les efforts d'Ahmad pour tenter d'améliorer cette relation lèveront le voile sur un secret du passé.
Les-sorties-de-la-semaine-du-15-mai-Le-passe-Mama-et-Gatsby.jpg
Et oui, un film français pourrait bien obtenir la Palme d'Or cette année. Enfin français... pas tout à fait. Puisque c'est bien l'univers d'Asghar Farhadi, cinéaste iranien célébré depuis Une Séparation, qui est ici transposé en France. Ses dilemmes moraux, son sens de la dramaturgie, son suspense intime, l'acuité de son regard sur des personnages qu'il ne juge jamais.
Au-cin-LE-PASSE1558.jpg
Avec Une séparation, le réalisateur iranien avait trouvé un écrin parfait à l'étude de caractères qu'il offrait aux spectateurs ébaubis devant tant de virtuosité. Ici, l'écrin paraît d'abord plus mince, les enjeux un peu faibles (un divorce en France, bon...), et puis peu à peu, Asghar Farhadi creuse l'humanité de chacun de ses personnages et le film décolle. Farhadi est un grand sondeur de l'âme humaine et le prouve une nouvelle fois. La grande question de son cinéma est toujours celle du doute : à qui peut-on se fier si un comportement vient contredire ce que l'on a vu précédemment ? Qui détient la vérité ?
 
L'une des grandes qualités du cinéma de Farhadi est l'acuité de son regard sur ses personnages. La subtilité est telle que chaque personnage se révèle au fur et à mesure qu'avance l'intrigue. Surtout, le point de vue de chaque personnage peut changer la perception qu'a le spectateur d'un autre personnage. Ahmad est-il vraiment l'homme honnête et bienveillant qu'il paraît être ? Quelles sont les réelles motivations de Marie face au retour de son ex-mari ? Tout cela fluctue selon les points de vue qui sont tous pris en compte par le cinéaste iranien.
 
Si sa science de la dramaturgie reste intacte, j'émettrai cependant un petit doute sur la direction d'acteurs quand le cinéaste ne parle pas la même langue que ses acteurs. Elle semble parfois moins tenue que dans ses précédents films, A propos d'Elly et Une Séparation, même si Bérénice Béjo a la grande qualité de magnétiser l'écran, elle est solaire. Le film est ponctué de moments de grâce, notamment quand il se recentre sur la relation entre adultes et enfants (magnifiquement interprétés, notamment le petit Fouad), ces derniers étant souvent victimes de la violence des adultes. Le film prend alors des accents de vérité inouïs.
Concernant le rôle principal féminin, il est intéressant de savoir que Marion Cotillard était le premier choix du réalisateur. Avec Bérénice Béjo, le film y gagne peut-être au change, l'actrice insufflant une légèreté et une solarité à son personnage là où Cotillard est souvent plus mélancolique, plus sombre (mais pas forcément plus profonde).
Si les enjeux un peu faiblards et un peu classiques (le divorce et ses conséquences) placent le film un cran en dessous des précédentes oeuvres du maître iranien, Asghar Farhadi reste assurément l'un des grands cinéastes actuels à suivre.
 
Guillaume SAKI
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17 mai 2013 5 17 /05 /mai /2013 22:52

 

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Après quatre années de séparation, Ahmad arrive à Paris depuis Téhéran, à la demande de Marie, son épouse française, pour procéder aux formalités de leur divorce. Lors de son bref séjour, Ahmad découvre la relation conflictuelle que Marie entretient avec sa fille, Lucie. Les efforts d'Ahmad pour tenter d'améliorer cette relation lèveront le voile sur un secret du passé.
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Et oui, un film français pourrait bien obtenir la Palme d'Or cette année. Enfin français... pas tout à fait. Puisque c'est bien l'univers d'Asghar Farhadi, cinéaste iranien célébré depuis Une Séparation, qui est ici transposé en France. Ses dilemmes moraux, son sens de la dramaturgie, son suspense intime, l'acuité de son regard sur des personnages qu'il ne juge jamais.
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Avec Une séparation, le réalisateur iranien avait trouvé un écrin parfait à l'étude de caractères qu'il offrait aux spectateurs ébaubis devant tant de virtuosité. Ici, l'écrin paraît d'abord plus mince, les enjeux un peu faibles (un divorce en France, bon...), et puis peu à peu, Asghar Farhadi creuse l'humanité de chacun de ses personnages et le film décolle. Farhadi est un grand sondeur de l'âme humaine et le prouve une nouvelle fois. La grande question de son cinéma est toujours celle du doute : à qui peut-on se fier si un comportement vient contredire ce que l'on a vu précédemment ? Qui détient la vérité ?
   
L'une des grandes qualités du cinéma de Farhadi est l'acuité de son regard sur ses personnages. La subtilité est telle que chaque personnage se révèle au fur et à mesure qu'avance l'intrigue. Surtout, le point de vue de chaque personnage peut changer la perception qu'a le spectateur d'un autre personnage. Ahmad est-il vraiment l'homme honnête et bienveillant qu'il paraît être ? Quelles sont les réelles motivations de Marie face au retour de son ex-mari ? Tout cela fluctue selon les points de vue qui sont tous pris en compte par le cinéaste iranien.
   
Si sa science de la dramaturgie reste intacte, j'émettrai cependant un petit doute sur la direction d'acteurs quand le cinéaste ne parle pas la même langue que ses acteurs. Elle semble parfois moins tenue que dans ses précédents films, A propos d'Elly et Une Séparation, même si Bérénice Béjo a la grande qualité de magnétiser l'écran, elle est solaire. Le film est ponctué de moments de grâce, notamment quand il se recentre sur la relation entre adultes et enfants (magnifiquement interprétés, notamment le petit Fouad), ces derniers étant souvent victimes de la violence des adultes. Le film prend alors des accents de vérité inouïs.
Concernant le rôle principal féminin, il est intéressant de savoir que Marion Cotillard était le premier choix du réalisateur. Avec Bérénice Béjo, le film y gagne peut-être au change, l'actrice insufflant une légèreté et une solarité à son personnage là où Cotillard est souvent plus mélancolique, plus sombre (mais pas forcément plus profonde).
   
Si les enjeux un peu faiblards et un peu classiques (le divorce et ses conséquences) placent le film un cran en dessous des précédentes oeuvres du maître iranien, Asghar Farhadi reste assurément l'un des grands cinéastes actuels à suivre.
   
Guillaume SAKI
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  • : Once upon a time in Cinema
  • : Une invitation à vagabonder au coeur du cinéma, mon cinéma. Ce blog veut créer des passerelles entre les films, entre les cultures, voire même entre les arts, tout en se laissant porter au gré de mes envies de cinéma. Et comme les films se répondent parfois entre eux, ce blog doit être un lieu d'échanges, donc n'hésitez pas à y apporter votre contribution. Laissez-vous maintenant entraîner dans ce journal passionné du cinéma, de tous les cinémas.
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