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27 septembre 2015 7 27 /09 /septembre /2015 20:00
Actualité - Les chansons que mes frères m'ont apprises, de Chloé Zhao - USA - Note : 4/5 - Sortie : 9 septembre 2015

Il faut aller voir Les chansons que mes frères m'ont apprises, fiction extrêmement documentée dans la réserve indienne de Pine Ridge (Badlands). Au milieu de sublimes paysages, Chloé Zhao (c'est son premier film) pose la question de l'attachement à ses origines et de la possibilité de s'en détacher : "Comment quitte-t-on le seul endroit qu’on a jamais connu ?" Johnny, qui veut devenir boxeur, échappera-t-il aux trafics et à la violence qui gangrènent son destin ? Laissera-t-il derrière lui sa soeur, Jashaun ? Plus que le style documentaire et la précision des détails, la grande force du film tient dans la discrète stylisation de la mise en scène de Chloé Zhao, poétique et sensible, qui utilise à merveille les paysages sauvages et grandioses du Grand Ouest américain. Grâce à des plans très composés et des acteurs (non professionnels) magnétiques, Chloé Zhao nous embarque, nous captive et nous bouleverse. Il y a du Terrence Malick dans ce western mélancolique, languide, désespérément crépusculaire et farouchement lumineux ! Une vraie merveille !

Les chansons que mes frères m'ont apprises / De Chloé Zhao / Avec John Reddy, Jashaun St John, Taysha Fuller.../ USA / Sortie : 9 septembre 2015.

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13 janvier 2015 2 13 /01 /janvier /2015 23:50
Actualité - The Cut, de Fatih Akin - Note : 1,5/5 - Sortie : 14 janvier 2015
Actualité - The Cut, de Fatih Akin - Note : 1,5/5 - Sortie : 14 janvier 2015

Troisième volet d’une trilogie ayant pour thèmes l’Amour (Head On), la Mort (De l’autre côté) et le Diable (The Cut), Fatih Akin s’attaque avec son nouveau film à un sujet éminemment épineux : le génocide arménien. S’il apparaît naturellement comme son film le plus ambitieux (par son budget et son ampleur), The Cut, pourtant très attendu par les Arméniens et par les cinéphiles, au-delà du symbole qu’il représente, est une immense déception.

Un symbole fort…

Il faut le reconnaître, The Cut est d’abord un acte symbolique fort. Qu’un réalisateur d’origine turque ose briser le tabou du « génocide arménien » est un geste politique courageux. Rappelons que, entre 1915 et 1917, les deux tiers des Arméniens qui vivaient sur le territoire actuel de la Turquie ont été exterminés au cours de massacres et déportations de grande ampleur. Et que la Turquie continue, cent ans après, à minimiser l’ampleur des massacres. Fatih Akin fait de ces événements dramatiques le point de départ de son récit. Nazareth, artisan arménien, vit à Mardin avec sa femme et ses deux filles. Une nuit, les soldats de l’armée turque l’embarquent pour construire des routes. Réduit à l’état d’esclave, épuisé, sous-alimenté, il échappe de peu à la mort. Des années plus tard, rescapé du génocide, il se lance dans une quête éperdue pour retrouver sa famille.

Actualité - The Cut, de Fatih Akin - Note : 1,5/5 - Sortie : 14 janvier 2015

Pour mieux comprendre la portée du symbole, il faut remonter aux origines du projet. Au départ, Fatih Akin souhaitait réaliser un film sur le journaliste turc d’origine arménienne Hrant Dink, rédacteur en chef de l’hebdomadaire bilingue (arménien-turc) Agos, assassiné en 2007 par un nationaliste turc. Devant l’impossibilité de trouver un acteur turc qui accepte le rôle (par crainte des ultranationalistes), il finit par abandonner le projet. Quand on sait que l’homme a beaucoup œuvré pour la réconciliation entre les Turcs et les Arméniens, cette situation en dit long sur les tensions qui persistent en Turquie entre les deux communautés. Enfin, le scénario de The Cut est le fruit d’une collaboration avec Mardik Martin (collaborateur de Martin Scorsese sur Raging Bull notamment), américain d’origine arménienne. Là encore, une volonté généreuse de réconciliation.

…mais un symbole écrasant

La générosité, c’est d’ailleurs une des caractéristiques du cinéma de Fatih Akin. Cette idée de dresser des ponts entre des pays, entre des cultures. Difficile de trouver une autre raison à la programmation du film en compétition à la dernière Mostra de Venise. Car The Cut n’a hélas que cela à défendre. Dès les premiers instants du film, on est frappé par le caractère artificiel des images proposées. Naïveté des dialogues, situations « carte postale » pour décrire le quotidien de la famille de Nazareth, tout tend vers l’appauvrissement maximal du sens. Ou plutôt tout est forcé, surjoué et vidé de toute substance, désincarné. Le film ne se relèvera jamais vraiment de cette mise en place ratée. Difficile dès lors de s’attacher au personnage principal. D’autant que Tahar Rahim n’aide pas. Privé de parole, l’acteur manque de présence pour porter un tel rôle. Pire, il est (ou se sent) obligé d’accentuer ses expressions ou ses gestes (on est parfois proche du ridicule) pour pallier le déficit de paroles.

Actualité - The Cut, de Fatih Akin - Note : 1,5/5 - Sortie : 14 janvier 2015

En définitive, on a peine à reconnaître le cinéma de Fatih Akin. Un cinéma de personnages qui, même mutiques, même désespérés, sont animés par une extraordinaire force intérieure qui parfois les dépasse (Head On, Ours d’Or à Berlin 2004, en est un bel exemple). Ici, les personnages sont faibles, grossièrement dessinés, peu mis en valeur par une dramatisation à outrance. Un exemple : la scène où Nazareth retrouve sa belle-sœur dans un camp de la mort est insoutenable par la grossièreté des dialogues, des cadrages, de la musique, mais surtout par l’étirement des plans…

Une « épopée » qui a le souffle court

Fatih Akin parle de « voyage épique » pour qualifier The Cut. Hélas, c’est une épopée qui a le souffle court. De la Syrie au Dakota, en passant par le Liban ou Cuba, Nazareth part bien à la recherche de ses filles, mais cette quête est alourdie par une mise en scène sans âme et des schémas narratifs répétitifs et artificiels où l’intrigue peine à rebondir. Fatih Akin voulait peut-être faire ressentir l’impuissance de son personnage, c’est surtout l’apathie et l’ennui qui gagnent le spectateur.

Sur un sujet similaire, on est très loin de la maîtrise d’un Roman Polanski qui, avec Le Pianiste, signait un film majeur sur l’extermination des Juifs. Habité, puissant. Ici, Fatih Akin semble avoir été dépassé par l’ampleur de son sujet, qui est pourtant au cœur de son cinéma (la quête de soi à travers les migrations ou les origines). Peut-être aussi a-t-il été contraint par la lourdeur d’une coproduction internationale. Reste une belle idée : en faisant perdre sa voix à son héros, il en a rendu une à tout un peuple.

Guillaume SAKI

The Cut - Réalisé par Fatih Akin - Avec Tahar Rahim, Simon Abkarian, Makram Khoury... - Allemand, Français - Sortie : 14 janvier 2015

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1 janvier 2015 4 01 /01 /janvier /2015 20:05
Actualité - The Promise (Le Serment), de Peter Kosminsky - France/GB - 2010 - 4 x 90 min - Note : 4/5

The Promise est une mini-série de Peter Kosminsky (diffusée hier soir sur Arte) qui revient sur les origines du conflit israélo-palestinien, en les confrontant très habilement à l'époque contemporaine. Ou quand la fiction, captivante, permet de mieux saisir une part de réalité... 4 épisodes et 6 heures d'intense moment de télévision ! (c'est aussi NOTRE responsabilité qui est évoquée, celle des Britanniques évidemment, qui étaient présents là-bas et ont échoué, mais celle de toute la communauté internationale incapable d'assumer les conséquences de ses actes)

A découvrir ! (Sur Arte +7 pendant 7 jours, en DVD, sur Youtube...)

The Promise (Le Serment), de Peter Kosminsky - 4 x 90 min - Avec Claire Foy, Christian Cooke, Katharina Schüttler, Itay Tiran, Haaz Slieman... - France/GB - 2010

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5 décembre 2014 5 05 /12 /décembre /2014 11:06
Actualité - La French, de Cédric Jimenez - France - Sortie : 3 décembre 2014 - Note : 3/5

Pour son deuxième film, Cédric Jimenez s’attaque à un projet ambitieux : la confrontation entre le juge Pierre Michel et Gaëtan Zampa, leader de la French Connection dans les années 70 et 80 à Marseille. Résultat : un polar maîtrisé, nerveux, haletant, d’inspiration américaine (Martin Scorsese n’est pas loin), dont l’efficacité et la réussite d’ensemble (le plaisir du spectateur est bien là) masquent bien la relative faiblesse des enjeux dramatiques.

Une ambition « rare »

Lorsque Jean Dujardin évoque La French, il parle d’un film « rare ». Il n’a pas tort. Le deuxième film de Cédric Jimenez est un exemple assez inédit dans le cinéma français de polar dont l’ampleur narrative rejoint l’ambition formelle. Plus gros budget du cinéma français en 2014 (21 millions d’euros), La French retrace le long combat du juge Michel (Jean Dujardin) pour faire tomber la French Connection, organisation impliquée dans un trafic d’héroïne internationale, entre Marseille et les États-Unis, à la fin des années 1970. À sa tête, Gaëtan Zampa (Gilles Lellouche). Le film se veut donc à la fois une fresque historique (entre 1975 et 1981), un film policier (l’organisation du trafic de drogue, ses liens avec la police et les politiques) et un drame humain (une traque qui vire à l’obsession). L’ambition est totale.

Actualité - La French, de Cédric Jimenez - France - Sortie : 3 décembre 2014 - Note : 3/5

Un polar nerveux et haletant, d’inspiration scorsésienne : pur plaisir de spectateur

D’emblée, La French nous embarque. Une course-poursuite, un règlement de comptes sur la Corniche. On entre immédiatement au cœur de l’action. Et cette scène inaugurale donne le ton. Nerveux, sec, haletant. En même temps, l’utilisation d’une chanson de Likke Li (Jerome) et des décors marseillais élargit le spectre, donne une véritable ampleur à ce geste inaugural. Une majesté aussi. Toute la puissance de la French Connection est résumée dans cette scène magistrale. Sans jamais nous perdre, Cédric Jimenez alterne ensuite les points de vue, du clan Zampa au juge Michel. Faisant preuve d’une maîtrise formelle impressionnante pour un deuxième film, il excelle dans l’art de montrer le fonctionnement d’une organisation, alternant des séquences très chorégraphiées, très fluides (parfois en plan séquence) à d’autres plus posées et en interaction avec ses personnages. La grande forme et l’intimisme. La grande et la petite histoire.

Actualité - La French, de Cédric Jimenez - France - Sortie : 3 décembre 2014 - Note : 3/5

Dans son ambition de renouveler le polar à la française, La French emprunte beaucoup aux films américains, et la référence à Martin Scorsese saute aux yeux très rapidement : l’univers mafieux, la fluidité de la mise en scène (plans très chorégraphiés), la manière de raconter de façon très précise le fonctionnement d’une organisation et ses ramifications… La séquence où sont racontés en voix off les mécanismes de circulation de la drogue de Marseille aux États-Unis est un hommage évident à Casino (1996), déjà produit (en partie) par Ilan Goldman. De même, à la manière de Martin Scorsese, La French est construit autour de sa bande originale (Rocky and The Riddlers, Mike Brant, Velvet Underground, Kim Wilde…) qui inscrit les personnages dans leur époque et les éclaire. Elle devient presque un personnage à part entière, tout comme l’environnement dans lequel ils évoluent (Marseille a rarement été aussi bien filmée). On note aussi l’utilisation du montage parallèle qui donne une belle intensité aux séquences à suspense du film. Tout cela fait de La French un pur plaisir de spectateur.

Une des grandes idées du film est aussi de montrer, parallèlement à l’organisation du clan Zampa, cette traque du juge Michel qui vire rapidement à l’obsession (on retrouve là quelque chose du Zodiac de David Fincher). Un personnage habité par sa mission. « Le juge est un héros, un homme exceptionnel qui a fait passer l’intérêt collectif avant son intérêt personnel, ce qui est rare dans le monde dans lequel on vit. » (Cédric Jimenez)

Actualité - La French, de Cédric Jimenez - France - Sortie : 3 décembre 2014 - Note : 3/5

Un jeu de doubles

L’alternance des points de vue entre Gaëtan Zampa et le juge Michel provoque un phénomène frappant. La ressemblance physique entre Gilles Lellouche et Jean Dujardin sert le film, instaurant un jeu sur le double assez fascinant. Le parrain de la French Connection ne serait-il finalement qu’un double maléfique du juge ? Cédric Jimenez parvient d’ailleurs plutôt bien à éviter le manichéisme, en associant dans une certaine mesure les deux personnages. C’est ce qu’il met en scène lors de leur seule véritable rencontre du film. Hélas, il le fait un peu maladroitement.

Actualité - La French, de Cédric Jimenez - France - Sortie : 3 décembre 2014 - Note : 3/5

Un relatif manque d’enjeux dramatiques

Car cette scène, qui devrait être un point d’intensité maximale, est un symptôme de ce qui manque encore trop souvent au cinéma français. Le manque d’incarnation, d’enjeux humains. Cédric Jimenez croit-il si peu lui-même à la force de ce qu’il raconte ? Alors que l’on est au point culminant de la confrontation entre Gaëtan Zampa et Pierre Michel, comment cette scène peut-elle être aussi déceptive ? Les dialogues frôlent le ridicule (on les entend d’ailleurs dans la bande annonce) et sont prononcés avec une neutralité assez terne. Où est passée la force, la conviction qui innerve le reste du film ? Une force qui passe par la composition très sobre de Jean Dujardin et Gilles Lellouche, moins à l’aise quand il s’agit de lâcher prise. La relative faiblesse d’incarnation du film passe enfin par des personnages féminins totalement sacrifiés : Céline Sallette se tire comme elle peut du personnage un peu ingrat de la femme du juge, mais Mélanie Doutey n’a vraiment rien à défendre dans celui de la femme de Zampa. La comparaison avec le personnage de Sharon Stone dans Casino fait un peu de peine. C’est dommage…

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3 décembre 2014 3 03 /12 /décembre /2014 23:38

Sorti aujourd'hui sur les écrans, La French (Cédric Jimenez) a l'ambition de renouveler le polar à la française en empruntant beaucoup aux films américains, une référence évidente étant bien sûr Martin Scorsese. L'univers mafieux, la fluidité de la mise en scène (plans très chorégraphiés), l'utilisation de la musique (très présente et presque un personnage du film dans les deux cas), la manière de raconter de façon très précise un fonctionnement (d'un groupe, d'une organisation, de la circulation de la drogue ou de l'argent)...

1. Lorsque le Juge Michel et Gaëtan Zampa se recontrent enfin, je n'ai pu m'empêcher de rapprocher cette scène de celle de la rencontre dans le désert entre De Niro et Joe Pesci dans Casino. On voit là, malgré les qualités évidentes du film de Cédric Jimenez (un bon polar, nerveux, haletant), ce qui manque encore à la réussite complète de son film : l'intensité presque magique que Scorsese fait naître d'une simple conversation. Dans Casino, cette scène est d'ailleurs l'acmé, le point culminant, le tournant du film. Elle crée une tension irrespirable et annonce la chute. En cela, la construction du film est parfaite. En comparaison, la confrontation entre le Juge Michel et Gaëtan Zampa tombe un peu à plat, alors qu'elle semble se vouloir aussi intense (encore une fois, les deux personnages ne se sont encore jamais rencontrés et ils auront peu d'occasions de le faire...).

2. Cédric Jimenez emprunte aussi de façon évidente à Casino (ou aux Affranchis) lorsqu'il montre les mécanismes de circulation de la drogue ou de l'argent (voix off, musique, montage abrupt...). Sur une durée beaucoup plus réduite, il atteint presque parfois la virtuosité des 20 premières minutes de Casino (qui reste un chef-d'oeuvre en la matière).

3. L'un des vrais gros ratés de La French en revanche, ce sont les personnages féminins totalement sacrifiés. Céline Sallette peut à peine défendre son rôle de femme apeurée face à une situation qui lui échappe, Mélanie Doutey (en femme de Zampa) n'a absolument rien à défendre. Tout l'inverse justement du personnage de Ginger (Sharon Stone) dans Casino, un des personnages féminins les plus forts de la filmo de Scorsese.

La French - De Cédric Jimenez - Avec Jean Dujardin, Gilles Lelouche, Céline Sallette... - France - Sortie : 3 décembre 2014

Casino - De Martin Scorsese - Avec Robert De Niro, Joe Pesci, Sharon Stone... - USA - Sortie France : 13 mars 1996

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3 décembre 2014 3 03 /12 /décembre /2014 11:31
Actualité - Magic in the Moonlight, de Woody Allen - USA - Sortie : 22 octobre 2014 - Note : 4/5
Actualité - Magic in the Moonlight, de Woody Allen - USA - Sortie : 22 octobre 2014 - Note : 4/5

Si l’on juge de la qualité d’un film au sourire (un peu béat) affiché par les spectateurs au moment où défile le générique de fin, alors Magic in the Moonlight réussit parfaitement son coup. Sous couvert d’une merveilleuse comédie romantique, élégante et enlevée, Woody Allen livre un manifeste sur les pouvoirs de l’illusion et réveille ainsi, comme souvent chez lui, notre part d’enfance, notre capacité d’émerveillement.

La magie à l’œuvre chez Woody Allen

La magie est un ingrédient majeur des films de Woody Allen. Dans Scoop (2006), lui-même interprétait le rôle d’un prestidigitateur. Dans La Rose pourpre du Caire (1985), un personnage sortait de l’écran de cinéma. Dans Minuit à Paris (2011), le personnage principal voyageait dans le temps. Dans Tout le monde dit I love you (1996), Goldie Hawn volait littéralement sur les quais de Paris. Avec Magic in the Moonlight, Woody Allen fait de la magie le cœur battant de son nouveau film. Celle de Wei Ling Soo, célèbre prestidigitateur chinois derrière lequel se cache le cynique et arrogant Stanley Crawford (Colin Firth), celle de la ravissante Sophie Baker (Emma Stone), médium que Crawford est chargé de démasquer alors qu’une riche famille de la Côte d’Azur, les Catledge, semble être tombée sous son charme… Et si l’amour était au final la plus belle illusion qui soit ?

Actualité - Magic in the Moonlight, de Woody Allen - USA - Sortie : 22 octobre 2014 - Note : 4/5

Une comédie romantique qui pétille

« Il y a quelque chose de magique et d’exaltant dans une rencontre et dans les sentiments amoureux qu’on peut soudain éprouver… » (Woody Allen). Comme dans le déjà très réussi Whatever Works (2009), la rencontre amoureuse repose ici sur l’attirance des contraires. Plus que sur la différence d’âge, l’accès à la culture ou la condition sociale, le contraste porte ici sur la capacité à croire en l’invisible, l’illusion, la magie. Et le principe comique tient à la capacité de Stanley à résister devant l’évidence des dons de Sophie. Car comment la magie de Sophie pourrait-elle l’emporter face à l’esprit rationnel et scientifique de Stanley ? Toutes ses certitudes voleraient alors en éclats… Brillamment dialogué, Magic in the Moonlight pétille de répliques qui claquent, transformant ce schéma rebattu du couple dépareillé en un duel romantique de haute volée. Une forme de grâce qui doit beaucoup au duo Colin Firth/Emma Stone. Cette dernière illumine l’écran et offre un contrepoint parfait au pessimisme et au cynisme de son partenaire, double nihiliste du cinéaste. Magnifiquement éclairée par Darius Khondji, tout en elle rayonne, ce que confirme Hamish Linklater dont le personnage tombe sous le charme de la jeune médium : « Dans cette lumière, on aurait dit qu’elle surgissait d’une fresque ». Telle une apparition, un effet spécial, une illusion…

Actualité - Magic in the Moonlight, de Woody Allen - USA - Sortie : 22 octobre 2014 - Note : 4/5

Un manifeste (paradoxal ?) sur les pouvoirs de l’illusion

« Globalement, l’existence est plutôt effroyable. » C’est Woody Allen lui-même qui le dit. Il poursuit : « Même si nous avons tous besoin de magie, elle n’existe pas, et le mieux que nous ayons à faire est de savourer les petits instants qui nous permettent de continuer à vivre. » D’Annie Hall (1977) à Magic in the Moonlight, la confrontation entre la raison et l’illusion est au cœur du cinéma de Woody Allen. Dans Blue Jasmine (2013), versant noir de Magic in the Moonlight, Cate Blanchett jouait le rôle d’une femme brisée, se berçant d’illusions pour continuer à vivre. Même constat ici : la magie aide à vivre. Elle aide Mme Catledge, soulagée après avoir avoir « communiqué » avec son défunt époux lors d’une séance de spiritisme ; surtout, elle ouvre Stanley Crawford à tout un monde qu’il ne connaissait pas et lui fait envisager la vie sous un autre angle. Y croire ou pas, telle est l’éternelle question.

Woody Allen, artisan de l’illusion

Woody Allen peut bien arguer de sa vision nihiliste de l’existence, il est lui-même un artisan de l’illusion. Car le cinéma n’est-il pas l’art de l’illusion par excellence ? « Vous fabriquez un effet à la fois séduisant et trompeur à l’intention des spectateurs, mais derrière tout cela se cache un travail laborieux et dépourvu de glamour ! » (Woody Allen) Magic in the Moonlight est donc aussi une déclaration d’amour au cinéma, à son processus de fabrication et à l’émerveillement qu’il peut susciter. Au cœur du film, Stanley et Sophie, surpris par l’orage, se réfugient dans un Observatoire. La scène, merveilleuse, évoque de façon presque explicite Méliès et son Voyage dans la Lune (1902). Il y a quelque chose de profondément artisanal dans la simplicité et l’épure de cette scène, dans la recréation de cette illusion. Et cette magie-là, nous avons tous envie d’y croire…

Guillaume SAKI

Magic in the Moonlight - Réalisé par Woody Allen - Avec Emma Stone, Colin Firth, Eileen Atkins... - USA - Sortie : 22 octobre 2014

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21 mai 2014 3 21 /05 /mai /2014 21:55

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Alors que le nouveau film de David Michôd est présenté cette semaine à Cannes (The Rover, Hors compétition), retour sur son premier film, Animal Kingdom. Coup d'essai coup de maître avec ce film choc de l'année 2011, immersion puissante et implacable dans une famille de criminels à Melbourne.

 6 bonnes raisons de voir (ou revoir) Animal Kingdom

 1. Pour cette scène introductive sidérante, d'une extrême froideur, où David Michôd nous fait rencontrer le personnage de Josh. Le détachement face à la mort, qui imprègne finalement tout le film, est déjà là. Avec une économie de plans (et une économie d'expressions sur le visage de James Frecheville, qui semble impassible), domine une tonalité inquiétante et crépusculaire. Mais ce qui est inquiétant n'est pas tant ce que l'on voit que l'absence de réaction du personnage qui reste insaisissable alors qu'il va être notre guide à l'intérieur de cette famille dysfonctionnelle. Très simplement, par son ancrage froid et réaliste, Animal Kingdom nous accroche d'emblée pour ne plus nous lâcher...

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 2. Parce que David Michôd, de manière très subtile, convoque constamment la participation du spectateur qu'il immerge lentement dans l'environnement de la famille Cody. Le regard du spectateur se confond bien avec celui de Josh, mais comme ce dernier reste comme absent (Josh, même intégré, reste d'ailleurs un étranger dans cette famille), le spectateur n'a pas vraiment de repères, ne peut pas s'appuyer sur le ressenti de Josh pour se faire une opinion. Une absence de repères qui convient particulièrement bien à l'atmosphère de ce polar qui tire aussi sa maîtrise et sa puissance de son caractère imprévisible.

  3. Pour la caractérisation de ses personnages qui ont tous un double fond. A l'image de cette figure de matriarche à la fois protectrice et machiavélique (impressionnante Jacki Weaver, nommée à l'Oscar du meilleur second rôle). Un des personnages féminins les plus forts vus au cinéma.

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  4. Parce que Animal Kingdom est tout autant une tragédie familiale (à la James Gray), à l'engrenage implacable pour chacun de ses acteurs, qu'un polar sec et froid, animal, où la folie et la paranoïa règnent en maître. Une angoisse sourde imprègne tout le film, relayée notamment par l'utilisation de la musique.

  5. Parce que ce film ne cherche pas à séduire par l'épate (il est tout sauf spectaculaire), mais captive, fascine et inquiète d'autant plus qu'il décrit de façon ordinaire et sobre un monde violent et malade. On pense évidemment beaucoup à The Yards (proche dans sa forme comme dans ses thèmes).

 6. Parce que la loi du plus fort a rarement été aussi bien montrée au cinéma. Dans un film où la peur semble régir les actions de tous les personnages, les faibles sont broyés et chacun doit trouver sa place pour survivre (oui, c'est aussi un film de survie) : "Chacun sait où il se situe. Certains survivent car ils sont forts. Tu crois peut-être que tu es un des forts. Mais non, tu es un faible. Tu as survécu car tu as été protégé par les forts. Mais ils ne sont plus forts..." (Leckie à Josh) L'Homme serait-il un animal comme les autres ? Puissant !

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23 décembre 2013 1 23 /12 /décembre /2013 10:04

 

 

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17 décembre 2013 2 17 /12 /décembre /2013 10:07
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Rêves d'Or - De Diego Quemada-Diez - Avec Karen Martinez, Rodolfo Dominguez, Brandon Lopez - Mexique - Sortie : 4 décembre 2013 - Durée : 1h48

Originaires du Guatemala, Juan, Sara et Samuel aspirent à une vie meilleure et tentent de se rendre aux États-Unis. Pendant leur périple à travers le Mexique, ils rencontrent Chauk, un indien du Chiapas ne parlant pas l’espagnol et qui se joint à eux.
Mais, lors de leur voyage dans des trains de marchandises ou le long des voies de chemin de fer, ils devront affronter une dure et violente réalité…
 
Rêves d'Or m'a touché profondément, durablement. Juan, Sara et Chauk resteront comme mes trois héros de cette année cinéma 2013. Bien plus que le Dr Ryan Stone de Gravity, ou même Django (Django Unchained). Parce qu'ils ont la grâce de ce qui est absent de la plupart des autres films : une humanité bouleversante.
phpThumb_generated_thumbnailjpg.jpgDiego Quemada-Diez met des visages sur les statistiques froides des mouvements migratoires, il remue nos consciences et notre petit confort. Fruit de six années de recherche, il inscrit parfaitement ses personnages fictionnels dans leur contexte documentaire. Exigeant dans son propos et dans sa forme (un prologue sans paroles, une utilisation de la musique comme respiration), ne sacrifiant rien à la dureté du parcours de ses personnages, le film est avant tout une histoire universelle et lumineuse d'échange magnifiquement mise en images.
3524226_7_7e4a_reves-d-or-de-diego-quemada-diez_eda4af010a5.jpgRêves d'Or est un rêve de cinéma : on se souvient longtemps après la projection de ces silhouettes en ombre chinoise qui se dessinent au crépuscule sur le toit des trains de marchandises. Vibrant !
REVES-D-OR-PHOTO2.JPGHélas, à son niveau (un 1er film, mexicain qui plus est), Rêves d'Or est un échec au box office : 18 000 entrées en 1re semaine dans environ 70 salles, ce qui fait environ 9 spectateurs par séance... Dur, sec, sans concession dans la réalité qu'il retranscrit, mais aussi magique, lumineux, terriblement humain dans les liens qu'il tisse entre ses trois protagonistes, trois migrants en quête d'un ailleurs.
L'un des plus beaux films de l'année est en train de passer totalement inaperçu. Préfère-t-on détourner le regard face à ces questions-là ? Le film avait besoin de soutien : il a eu celui de la presse écrite (élogieuse à juste titre), celui de Cannes (un prix dans la section Un Certain Regard, la Caméra d'Or aurait peut-être été plus utile), il lui aurait sûrement fallu une exposition un peu plus importante en télé (i-télé en a pourtant parlé un matin), et surtout une exploitation en salles plus solide.REVES-D-OR-PHOTO4.JPGComment expliquer que le film ne soit distribué que dans 6 salles à Paris, et seulement 3 salles indépendantes ? Comment expliquer son absence d'exploitation au Balzac, au MK2 Beaubourg, au Cinéma des Cinéastes ? Ces cinémas ne sont-ils pas censés soutenir ce genre de films ? Celui-ci le méritait tellement !

Bref, remettez CASSE-TETE CHINOIS ou LE HOBBIT à plus tard, et allez voir REVES D'OR tant que c'est encore possible ! Vous ne le regretterez pas !
Guillaume SAKI
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27 novembre 2013 3 27 /11 /novembre /2013 14:25

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C'est peut-être la plus belle sensation de cette fin d'année 2013 ! En espérant que ce film soit bien distribué (il semble que ce sera le cas), et puisse rencontrer un large public... Nous, on y retourne dès le 4 décembre et on en parle très vite...

Rêves d'Or, de Diego Quemada-Diez - Avec Karen Martinez, Rodolfo Dominguez, Brandon Lopez - Mexique - Durée : 1h48 - Sortie : 4 décembre 2013.

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  • : Once upon a time in Cinema
  • : Une invitation à vagabonder au coeur du cinéma, mon cinéma. Ce blog veut créer des passerelles entre les films, entre les cultures, voire même entre les arts, tout en se laissant porter au gré de mes envies de cinéma. Et comme les films se répondent parfois entre eux, ce blog doit être un lieu d'échanges, donc n'hésitez pas à y apporter votre contribution. Laissez-vous maintenant entraîner dans ce journal passionné du cinéma, de tous les cinémas.
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