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9 mars 2010 2 09 /03 /mars /2010 13:18

http://pagesperso-orange.fr/sublimeacide/images/images/cin%E9ma/walk%20the%20line.jpg
Retraçant sans grande originalité le destin du chanteur « country-rock » américain Johnny Cash, de ses débuts laborieux au concert mythique du 13 janvier 1968 à la prison de Folsom, Walk The Line prend la mesure de la légende à travers d’incroyables numéros chantés et l’interprétation magistrale de ses deux acteurs principaux, Joaquin Phoenix et Reese Witherspoon.

Traumatisme initial, dépendance et rédemption : une biographie filmée trop classique

Walk the line suit les schémas préétablis du genre "biopic". Tout part d’abord d’un traumatisme initial, la mort du frère dans des conditions atroces, et un fort sentiment de culpabilité alimenté par son père. Si James Mangold sait éviter ici les flash-back larmoyants qui parsemaient Ray (biographie filmée de Ray Charles), il n’en reste pas moins que le talent de Johnny Cash et sa passion pour la musique ne semblent s’expliquer que par cette enfance malheureuse. Le film débute d’ailleurs par un plan sur une scie dans la prison de Folsom qui permet à Cash de se remémorer ce morceau d’enfance, ce qui ne fait que confirmer l’importance que le film lui accorde.


Cette vision assez simpliste du destin de l’artiste se poursuit lorsque Johnny Cash devient une vedette. Plutôt que de montrer le génie à l’œuvre, le processus de création musicale, le réalisateur s’attache sans aucune originalité à présenter la plongée du chanteur dans les affres de la dépendance (alcool, amphétamines) et ses ravages sur sa vie et son œuvre. C’est évidemment du déjà-vu, d’autant que la mise en scène manque de souffle, ce qui est bien un comble lorsque l’on suit les traces d’une légende de la musique. Le film ne retrouve qu’à de très rares moments l’énergie créatrice et la frénésie jubilatoire qui faisaient la réussite de Ray.


Quant à la rédemption, elle passe par l’amour, ce qui n’est pas là aussi d’une folle audace, mais réserve les plus beaux moments du film.

http://thecia.com.au/reviews/w/images/walk-the-line-4.jpg
L’amour rédempteur d’un couple mythique

La réussite du film tient en effet essentiellement à cette relation qui traverse le temps entre Johnny Cash et celle qui partagea nombre de ses tournées puis sa vie, June Carter. C’est en effet grâce à elle si le chanteur, touchant le fond, a pu trouver la force de rebondir. Le réalisateur montre également avec efficacité la force d’inspiration que représente cet amour pour Johnny Cash, notamment pour la chanson « Walk the line » qui donne son titre au film.


Mais c’est véritablement au cours des prestations scéniques que le film trouve toute son intensité. Les duos entre Johnny Cash et June Carter laissent en effet transparaître leur grande complicité et révèlent la passion qui les unit. Ces scènes sont ainsi filmées au plus près des corps qui se frôlent, leurs regards se cherchent ou se dérobent, et toute la magie du film naît de ces instants où les deux personnages semblent comme hors du temps. Leur alchimie s’explique également par l’implication des deux acteurs principaux qui chantent eux-mêmes, ce qui est une performance. Reese Witherspoon confirme, après nombre de comédies, son potentiel dramatique. Elle dégage une belle présence qui tient autant à son visage atypique qu’à sa voix à la fois fluette et profonde. Quant à Joaquin Phoenix, touché par les similitudes entre l’existence du chanteur et la sienne (il a, lui aussi, perdu un frère à qui l’on promettait une brillante carrière très jeune), il en fait un artiste passionné et torturé. Et dès qu’il entre en scène et prononce d’une voix profonde et grave « Hello, I’m Johnny Cash », porteur d’une énergie à la fois douloureuse et jubilatoire, l’acteur restitue à lui seul toute la complexité de cette légende de la musique américaine.


http://www.reelingreviews.com/walkthelinepic.jpg


Walk the line
, de James Mangold - USA - Avec Joaquin Phoenix, Reese Witherspoon, Ginnifer Goodwin... - Durée : 2h10 - 2006.



Read more at Suite101: Walk The Line, de James Mangold: Quand l'amour nourrit la légende http://cinema.suite101.fr/article.cfm/walk-the-line-de-james-mangold#ixzz0hgI4nmZ0

Bande annonce - Walk The Line


Musique - "I Walk The Line" (Johnny Cash)

Musique - "I Walk The Line" (Joaquin Phoenix)
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commentaires

S
<br /> Oh bah juste 2,5/5 ? Ta critique est plutôt bonne, en plus. :-) A l'époque où ce film est sorti, je ne connaissais rien de Johnny Cash. Comme j'avais très envie de le voir mais que je ne voulais<br /> pas franchir le cap sans rien savoir de sa vie, j'ai ressorti les vieux disques de mes parents et acheté ses mémoires. Sans aller jusqu'à dire que ça a été une vraie révélation pour moi (quoi que<br /> pas loin quand même), je me suis prise de passion pour la vie de cette homme qui - comme il le dit lui-même dans son livre - aurait dû mourir beaucoup plus jeune. A mon avis, le livre est un<br /> must-have car c'est grâce à lui qu'on prend pleinement conscience à quel point cet homme a vécu sur le fil d'un rasoir pendant une grande partie de sa vie, et c'est par ailleurs bourré d'humour<br /> notamment dans le regard que Cash avait de lui-même.<br /> <br /> Bref, ce n'est qu'après ça que je suis allée voir le film, et je l'ai trouvé extrêmement fidèle au bouquin (ou en tout cas à une partie du bouquin puisque le film n'aborde qu'une partie de sa vie).<br /> C'est d'ailleurs peut-être le biopic le plus fidèle que j'ai pu voir, et j'ai vraiment apprécié le fait que le côté dark et destructeur de l'artiste soit mis en avant.<br /> <br /> Quant au travail des acteurs, il est tout simplement hallucinant. J'avais déjà une haute opinion de Joquin Phoenix (mais pas spécialement de Reese Witherspoon), et ils ont probablement dû bosser<br /> comme des fous sur ce film qui pouvait se transformer en navet si leurs prestations chantées n'avaient pas été à la hauteur. Ce qui est le plus incroyable, c'est qu'il n'y a pas eu une tentative<br /> d'imitation vocale à proprement parler mais un travail au niveau des intonations de la voix. Si on compare une chanson version June Carter et version Reese Witherspoon, on voit tout de suite<br /> qu'elles ont des voix différentes. Mais Reese restitue à merveille la rythmique, les intonations, les éraillements de Carter. Et c'est la même chose pour Phoenix. C'est d'autant plus remarquable<br /> que Johnny Cash et June Carter avaient des voix et un style tout à fait particulier. "Walk the Line" est un des films dont j'écoute le plus souvent la bande-son, tout en réussissant à me délecter<br /> des chansons originales de Cash. Donc pour moi, le pari de ce film est réussi ! Moi j'aurais mis un 4/5. :-)<br /> <br /> <br />
Répondre
G
<br /> <br /> Merci pour ces commentaires très pertinents et intéressants, notamment sur la manière dont les acteurs ont appréhendé leur rôle. Effectivement, c'est une performance remarquable de leur part.<br /> Pour une fois, Reese Witherspoon est irrésistible, et Joaquin Phoenix prouve qu'il est l'un des plus grands acteurs de sa génération. Si tu n'as pas vu les films de James Gray, Joaquin Phoenix<br /> est exceptionnel dans tous ses films!<br /> <br /> <br /> Sur la comparaison des voix de June Carter et Reese Witherspoon, je te suis complètement.<br /> <br /> <br /> De mon côté, c'est ce film qui m'a vraiment fait découvrir Johnny Cash. Donc bizarrement, c'est en entendant Joaquin Phoenix et Reese Witherspoon que j'ai eu l'envie de m'acheter les albums de<br /> Johnny Cash et commencé à aimer sa musique. C'est aussi pour ça que j'aime le cinéma...<br /> <br /> <br /> <br />

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